Bonjour à tous,

Je vais parler ici en tant que professionnel de l'aménagement en partant de mon experience de plus de deux ans en collectivité.

On le sait et chaque étudiant en géographie pourra s'en convaincre, il est bien difficile de trouver sa place aujourd'hui sur le marché de l'emploi.
Les options pour le géographe sont assez importantes même si pas mal de portes se ferment aujourd'hui.
Regarder les plaquettes de première année et vous aurez une idée à quelle sauce vous vous ferez manger par la suite.
L'enseignement doux reveur est celui qui imagine qu'il aura cette opportunité compte tenu de peu de place pour les géographes (au mieux 20 postes/an pour toutes les universités). la recherche alors, on en a longuement débattu et le résultat est la ; plus de difficulté, plus de selections, plus d'années pour au final se trouver dans des situations souvent précaires.
Il reste alors les autres concours de la fonction publique : collectivité et Etat.
Cela ne représente tout de même pas beaucoup de postes la encore pour les géographes mais les opportunités continuent néanmoins à exister en nombre assez sensible.
le principe est le suivant :
1/ candidature sur un poste ouvert à tout agent
2/ en poste on passe le concours correspondant à son grade.

Mais quel est donc le profil des heureux agents géographes ?

Deja sur la globalité, les collectivités se jettent d'avantage sur les économistes, les juristes et aussi et surtout les scientifiques durs (informatiques, physique et beaucoup de mathématiciens).
Alors, si le géographe peut trouver son creneau la dedans, il devra s'imposer souvent après tous ces autres prétendants.
Mais attention, le parcours le difficile pour interesser le recruteur.
Deux types de profil sont mis en avant :
1/ le profil juridique alors il conviendra pour le géographe de se reconvertir avec des formations universitaires secondaires telles que l'IPAG : apprendre le droit de manière intensive afin de pouvoir egaler le juriste lors d'un recrutement en apportant un sus des compétences techniques et spécifiquement de domaine (aménagement, droit de l'urbanisme).
2/ le profil technique qui necessite une solide compétence en SIG mais également la maitrise d'autres outils informatiques comme les bases de données, la création de site internet ou d'autres compétences techniques plus spécifiques.

Quel est alors le cursus le plus opportun, quel niveau de formation ?

Le recrutement du géographe ne se réalise pas à niveau bac +2 ni bac +3 contrairement à certaines filières techniques (BTS ou DUT) mais bien à un niveau master II. Pas de cursus de géographie particulier, peut être une préférence pour les profils techniques.
Il en sort des techniciens, des attachés voire des ingénieurs.

Des exemples de recrutement dans un service de trafic


Dans mon service, nous sommes deux à être géographes de formation sur 11.
Commençons par le collegue, il a fait de études de master II à Paris option transport et a été recruté. Son positionnement est étude, il gère les dossiers d'aménagement de carrefour à feux, méne les politiques globales pour favoriser les priorités bus, peut parfois s'attacher à quelques études plus techniques mais c'est assez rares ( calcul de plan de feux, phasage etc...).
De mon côté, étude de géographie doctorat orientation quantitative trafic, circulation, ville. Mon placement dans l'équipe est au études la aussi mais mon positionnement est très différent. Je m'occupe de réaliser des marchés publics pour le developpement du Poste Central de régulation du trafic. Il m'arrive également de proposer des améliorations de fond du PC (algorithmiques) et de formes (ergonomie). Je suis améné à travailler directement sur le poste central de régulation pour une gestion différée de certains secteurs dit à risque et de reflexion. Enfin, je touche directement aux plans de feux des carrefours et politiques de feux (gestion centralisée des équipements) même si je ne suis pas considéré véritablement comme un exploitant.
Et puis dernière tache, la réalisation d'études de simulations routières (avec des logiciels spécifiques comme Vissim) mettant en oeuvre des strategies de régulation basées sur des logigramme de priorité bus ou autre. Et occasionnellement référent SIG du système de gestion du trafic.

Attention, ces deux exemples ne sont toutefois pas necessairement representatifs de l'état de l'emploi géographique au sein des collectivités car nous sommes tous deux dans un service dit "de pointe". On peut trouver aussi des "techniciens" de la géographie spécialisés dans les SIG et la géomatique ainsi que des "redacteurs" de notes de synthèse dans certains services du ministère de l'Equipement ou de la DREAL.

C'est intéressant. En fait, il faut savoir où l'on va dès le début des études de géographie, je dirais dès la L2, et s'y tenir. Certains vont se diriger vers l'enseignement secondaire, d'autres vont tenter le très difficile concours de l'agrégation, certains s'orientent vers une thèse. Enfin, d'autres préfèrent s'orienter vers une licence professionnelle et un master professionnel. A Orléans et La Rochelle tu trouves par exemple de solides formations en ce qui concerne les S.I.G.
Mais a un moment il faut choisir et être malin. Si c'est l'aménagement qui intéresse alors il faut s'acheminer vers une formation en aménagement (des littoraux, des montagnes, des villes etc...). Seulement cela ne suffit pas, il faut avoir un projet d'avenir. Il me semble que le géographe doit énormément travailler pour réussir car, comme tu viens de le dire, il est souvent confronté à une concurrence déloyale (personnes ayant reçu une formation en droit de l'environnement, ingénieurs...).
Seulement, les géographes sont employés dans certaines collectivités locales et cela leur offre des perspectives enrichissantes. On tient donc compte du regard original du géographe, de son côté touche à tout.

Thibault Renard a écrit:

...Si c'est l'aménagement qui intéresse alors il faut s'acheminer vers une formation en aménagement (des littoraux, des montagnes, des villes etc...). Seulement cela ne suffit pas...

je reprends la phrase, c'est pas que je ne sois pas d'accord avec toi mais il me semble qu'il y a une véritable erreur de strategie chez nos enseignants des lors qu'ils mettent une option un savoir purement encyclopédique dans un domaine particulier quand ils proposent une formation que l'on pourrait classer dans la catégorie des professionnalisantes.

Je le vois bien tous les jours, mon collegue qui est le plus proche de ce type de formation n'a pas vraiment eu besoin de ses connaissances sur la question des transports pour être engagé. Il a tout appris sur le tas comme moi aussi du reste.
Aujourd'hui, ce que le recruteur cherche c'est des gens susceptibles d'être opérationnel rapidement.
Je vais donner un exemple pour le trafic, on ne demande pas de connaitre des exemples de politique globale de transport ou les grands mécanismes de transport en France ou dans le monde.
On demande des choses précises et surtout pratiques :
Comment calculer un plan de feux tricoles pour un carrefour donné à partir d'une géométrie? quel cycle appliquer ? Enventuellement, connaitre les procedures de marché public, qu'est ce que le diagramme fondamental ? Savoir appréhender les grandes lignes du trafic routier ? Savoir aménager un carrefour, une piste cyclable et la voirie.
Cela explique donc pourquoi les SIG ont le vent en poupe chez les géographes, c'est assez simple, c'est pragmatique, c'est utile.