La coprésence de Lévy et Lussault n'est pas simplement la juxtaposition physique des objets ou des acteurs je crois, c'est le fait de vivre ensemble et pas seulement de cohabiter sans pour autant échanger.
Je trouve que c'est une idée utile pour éviter de multiplier des analyses de la ville étanches les unes aux autres. A force de travailler sur des axes thématiques très précis dans un format limité, on finit parfois par avoir une lecture abstraite de la ville comme d'une sorte de mille-feuille virtuel.
Le concept de coprésence invite à enrichir la notion d'urbanité de celle de "citadinité", à envisager les pratiques concrètes dans le paysage : il y a de la vie, des échanges, des rapports de force sociaux, de la politique dans les villes et pas que des réseaux, des mobilités, des formes urbaines, etc...
C'est aussi une manière un peu intello de reparler de sociologie à une échelle macro sans attirail marxiste il me semble.
De mémoire, Lévy développe dans son manuel sur l'Europe une partie stimulante sur l'idée que les villes européennes sont les formes de peuplement qui ont maximisé la coprésence, et il se sert de ça pour lier des questions géohistoriques, démographiques, politiques et d'essor économique.
Je ne suis pas sûr d'être d'accord avec tout mais j'aime bien ces concepts qui permettent d'établir des relations entre les différents champs de notre discipline sans tomber dans le structuralisme.