Anne
Friedrich Ratzel
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| Sujet: Méthodologie : La dissertation de géographie Dim 19 Sep - 0:18 | |
| - Thibault a écrit:
La méthodologie de la dissertation de géographie
Quelques conseils pour bien réussir votre dissertation de géographie. Vous devez montrer au cours de cet exercice vos capacités à synthétiser les connaissances que vous avez acquises lors des cours et de vos lectures personnelles. En outre, vous serez aussi jugés sur votre effort de réflexion pour produire un plan cohérent et organisé, sur votre maîtrise des règles de la dissertation enfin, sur votre aptitude à produire un discours clair, argumenté et correct. Qu’est-ce qu’une dissertation de géographie ? Un exercice somme toute classique, agrémenté de certaines spécificités chères aux géographes.
Rappels utiles pour la rédaction d’une dissertation
La rédaction d’un bonne dissertation nécessite :
- de disposer d’un minimum de connaissances. Pour cela, les cours constituent une bonne base. Après chaque cours, prenez soin de les relire avec attention et soyez certains d’avoir bien compris le contenu. Vérifiez les points qui vous paraissent flous. Ne négligez pas les documents annexes distribués en cours, ils vous aideront à spatialiser vos connaissances. Complétez les cours par la lecture d’un manuel.
- de savoir organiser ses connaissances selon un plan mettant en valeur une réflexion sur la question. L’organisation de vos idées en un plan convaincant est impérative. Pour vous entraîner, essayez d’analyser la manière dont sont bâtis les plans de manuels ou des cours. Evitez, toutefois, de les apprendre par cœur. Vous risquez, le jour de l’examen, de vouloir plaquer sans réfléchir le plan que vous avez appris et vous avez de fortes chances de tomber à côté du sujet. Rédiger une dissertation, c’est mener une démonstration divisée en trois moments : l’introduction, le développement, la conclusion.
- l’introduction se déroule elle-même en 3 temps :
* l’ouverture : une phrase introductive (un exemple, un contexte) qui vous permette d’amener le sujet.
* l’analyse du sujet se traduit par la définition des termes clés de l’intitulé. C’est l’occasion de démontrer que vous avez réfléchi et bien compris le sujet. Cette réflexion initiée sur les termes du sujet doit déboucher sur la problématique. Comment trouver une problématique ? Il s’agit de repérer l’idée ou l’enjeu qui se cache derrière le libellé du sujet. D’où la nécessité de se poser la question de l’intérêt du sujet. Pourquoi ce sujet est-il intéressant, et précisément dans la région que nous étudions ? L’objectif essentiel de l’introduction est de donner un sens à la question posée. Une problématique sera d’autant plus nécessaire que la formulation des sujets est simple. Parfois, certains sujets posés sous la forme de question peuvent sous-entendre la problématique de manière explicite, il faut donc répondre directement à la question posée. Il faut donc s’interroger et se demander si le sujet suggère déjà une problématique. En tous cas, il existe toujours plusieurs problématiques possibles. Certaines sont cependant plus pertinentes que d’autres. Il est fréquent mais pas obligatoire de formuler la problématique sous la forme d’une question Evitez surtout d’ajouter un point d’interrogation au sujet, de rajouter « qu’en est-il de … » ? ou encore de formuler une série de questions sans liens entre elles. La problématique doit être le fil directeur de votre raisonnement. Elle peut vous aider à ménager des transitions trop souvent absentes en réutilisant, en remaniant les termes de la problématique. Elles sont inutiles après l’annonce du plan pour introduire la 1ère partie.
* l’annonce du plan : c’est un exercice assez formel, il est vrai, mais qui a le mérite de faire connaître immédiatement le déroulement de votre démonstration. Vous pouvez éventuellement formuler des questions qui correspondent à autant de parties du plan. Veillez à trouver un juste équilibre entre une annonce de plan trop basique : « dans une 1ère partie, dans une 2ème… » et une annonce trop subtile où le correcteur ne voit pas immédiatement apparaître le plan. La lecture de l’introduction est un moment décisif pour le correcteur. Très souvent, il lui est possible, dès cet instant, de se forger un avis sur le candidat. Il ne faut donc jamais bâcler une introduction, sans non plus qu’elle soit trop longue. Ne vous perdez pas dans des généralités et ne rentrez pas non plus dans des détails qui ont leur place dans le développement.
-Le développement :
Votre plan doit être cohérent, construit sur une réelle progression et un enchaînement logique des idées. Une dissertation ne repose pas sur une succession d’idées générales mais doit être envisagée comme une réelle argumentation. Pensez à bien organiser et à hiérarchiser correctement vos idées. Un développement se divise en un certain nombre de parties. Cela permet d’être plus clair, de regrouper ses idées dans une thématique, d’éclairer un des aspects de la question. En France, le règne du plan en trois parties a effrayé des générations d’étudiants. Il n’a rien d’obligatoire, il est tout à fait concevable d’avoir un plan composé de deux ou quatre parties. En revanche, il est toujours risqué d’aller au-delà, cela révèle qu’il y a une faille dans l’organisation de votre plan. Concrètement, lors de l’épreuve, pensez à garder une feuille de brouillon par partie. Il n’existe pas de solution miracle pour les types de plans.
* Il faut se méfier des plans passe-partout de type description/explication/problèmes ou typologie :
1° description/aspects = exposé des faits ou constat
2° explication/Conditions = analyse des facteurs
3° Conséquences/ problèmes/Typo régionale
On peut inverser 1 et 2. Il peut convenir à certains types de sujet, parfois vous pouvez l’utiliser à l’intérieur d’une partie, mais n’en abusez pas ou alors soignez la formulation des titres. C’est à vous de choisir un plan approprié en fonction du sujet.
* Plan en géographie régionale : une typologie en troisième partie est possible mais pas obligatoire.
Qu’est qu’une typologie ? Elle permet d’affiner l’analyse en opérant un classement, en distinguant différentes catégories. On peut distinguer plusieurs typologies :
- par région. Pour ce cours, vous pouvez souligner les divergences régionales (Maghreb, vallée du Nil, Croissant fertile, péninsule Arabique…). Une typologie régionale peut aussi concerner les différentes régions à l’intérieur d’un pays. - par niveaux d’échelles - par thèmes : cf. les migrations internationales qui peuvent être d’ordre politique ou économique, les villes peuvent être classées de différentes manières selon leur morphologie urbaine…
Pour établir une typologie, choisissez 2 ou 3 critères qu’il faut bien définir et surtout qu’il faut justifier. Ces critères permettent de rassembler plusieurs cas pour former un type. Il s’agit alors de montrer les ressemblances, les similitudes de fonctionnement (ces types ou ces classes doivent être assez homogènes) Ex d’une typologie : celle des différentes situations des pays dans la transition démographique. Ici, les deux critères de classement sont le taux de mortalité et le taux de la natalité.
Deux possibilités pour introduire une typologie dans un plan de géographie : soit la typologie apparaît en 3ème partie (pour affiner le propos), le nuancer ; soit le plan est fondé sur une typologie (il vaut mieux faire une 1ère partie générale). Exemple : la croissance urbaine dans le monde = 1/généralités 2/Pays industrialisés 3/ PVD
La typologie n’est absolument pas obligatoire. Mieux vaut être certain de maîtriser l’exercice avant de se lancer dans l’aventure. Parfois il vaut mieux être modeste et parler de classes ou de catégories, quand la méthode de classification est moins élaborée. Il faut aussi être certain que la typologie apporte quelque chose.
* plan par échelle :
L’interprétation d’un phénomène change en fonction de l’échelle considérée locale, régionale, nationale, internationale, mondiale. L’échelle n’est pas un objet spécifique au géographe, on la retrouve dans l’ensemble des sciences sociales. En se plaçant à des échelles différentes, il est possible d’analyser certains problèmes sous des aspects divers et de faire surgir différents acteurs. Essayez toujours d’insister sur l’articulation des échelles.
Exemple : Pour la question de l’eau, quelle que soit l’échelle à laquelle on se place, l’enjeu est toujours le même : mobiliser une ressource précieuse dont la rareté créé rivalités et conflits. Mais les modalités et les acteurs de ce conflit varient : au niveau local, la compétition se situe entre les différents usagers de l’eau (eau potable, agriculture, industrie, tourisme) ; au niveau national, certaines régions mieux dotées en eau sont parfois utilisées pour en irriguer d’autres (exemple de la grande rivière artificielle de Libye). Dans ce cas, une complémentarité régionale tente de résoudre les pénuries et les conflits ; au niveau international, l’eau peut être un argument central dans des déclarations de guerre ou les négociations de paix et son partage alimente toujours de vives tensions entre les riverains (cf. Israël et ses voisins).
Exemple : les villes : Petite échelle (national, régional) : poids de la population urbaine, hiérarchie urbaine, dynamiques Moyenne échelle : localisation des villes, répartition de leurs fonctions Grande échelle : plans de villes, paysages urbains, équipements.
* Attention aux plans qui demandent une comparaison (« Les littoraux du Maghreb-Mashreq, étude comparée », « Urbanisation et industrialisation »), la grosse erreur consiste à faire une partie pour chaque élément, alors qu’on vous demande de vous interroger sur le lien.
* Ne faites surtout pas de plan chronologique ou dialectique (thèse, antithèse, synthèse)
* Il est possible, et même bienvenu de faire apparaître sur votre copie les titres des parties et des sous-parties de votre plan. C’est un moyen efficace pour se forcer à réfléchir à l’organisation de ses idées. Soignez le choix des titres : ils doivent être simples et bien représentatifs du contenu de votre partie.
Attention la visibilité de l’armature de votre plan ne dispense en aucun cas la rédaction in extenso de votre devoir et surtout des transitions qui soulignent la continuité de votre pensée. Les transitions sont indispensables entre les grandes parties de votre développement. Evitez les transitions qui ne sont que rhétoriques.
Si vous citez un auteur, donnez son nom et l’ouvrage dont vous tirez la citation. Il n’est pas indispensable de citer les auteurs de manuels :
- La conclusion se conjugue elle-aussi en trois temps :
Elle est l’aboutissement d’un raisonnement, d’une démonstration. Ce n’est donc pas un résumé, mais plutôt un bilan qui apporte une réponse ou tout au moins un élément de réponse à la question que vous avez posée dans votre problématique. La conclusion reprend en sens inverse, les trois moments de l’introduction :
* bref rappel des grandes parties : répondez à l’introduction à l’aide des éléments d’analyse rassemblés dans le développement.
* réponse à la problématique
* ouverture vers un autre problème, élargissement du sujet : posez de nouvelles perspectives que l’on ne fait qu’évoquer.
Evitez les redites systématiques ainsi que les avis personnel incongrus.
II-Les spécificités de la dissertation de géographie
- Une analyse de l’espace : c’est proprement la spécificité des géographes. Pensez donc à bien mettre en valeur les dimensions spatiales du sujet. Insistez sur la répartition dans l’espace des phénomènes étudiés : répartition homogène ou pas, processus de concentration ou de diffusion. Par exemple, l’étude de la population est a priori l’affaire des démographes. Le géographe, quand il étudie cette question, va insister sur la répartition de cette population sur le littoral, le long des fleuve (ici la présence de l’eau est très importante) dans les villes ( montrez des contrastes de densités). Songez aussi à la localisation des phénomènes que vous analysez. Pour l’industrialisation des pays du monde arabe, il ne s’agit pas seulement de montrer comment les pays se sont dotés d’appareils productifs (historique), d’en comprendre le fonctionnement économique, mais il est nécessaire de penser à leurs logiques de localisation :
* à proximité des ressources pour les industries d’extraction
* à côté des villes ? main d’œuvre, proximité du marché
* sur le littoral, dans un port pour exporter ?
Cherchez aussi à décrire des paysages, à donner un ton concret à votre discours. Pour cela, vous pouvez aussi vous aider de photographies pour essayer de vous forger une représentation précise de la réalité géographique de ces paysages.
- Géographie et histoire : il est toujours bienvenu de donner une profondeur historique à votre devoir. C’est même bien souvent fondamental pour comprendre les espaces actuels. Les géographes se plaisent à s’interroger sur les transformations, les mutations que subissent les espaces, et pour cela, ont très largement recours à l’histoire. Cependant, la démarche du géographe est radicalement différente de celle de l’historien. Le géographe n’interroge le passé que pour mieux comprendre l’espace actuel. Le présent est donc toujours son point de départ. Ce postulat se traduit aussi dans l’organisation du devoir, il est très maladroit dans une dissertation de géographie d’exposer l’histoire avant d’avoir décrit, analyse la situation actuelle. Tout plan chronologique est donc à bannir.
- Entre unité et diversité : Un discours géographique équilibré oscille toujours entre deux pôles difficilement conciliables : sa tentation de l’universel (démontrer une unité, dégager des lois) et son goût pour le particulier (la connaissance du local, du spécifique). Une dissertation doit exposer donc à la fois les grandes idées générales sur chaque thème étudié en cours et aussi plusieurs exemples qui viennent illustrer le propos. Cette nécessité de la précision associée à la connaissance des grandes tendances ne doit pas vous conduire à une indigestion de chiffres. Apprendre par cœur des centaines de chiffres ne sert à rien, tachez cependant d’avoir des ordres de grandeur. Concentrez-vous sur quelques exemples qui vous semblent représentatifs (dans un but d’efficacité, apprenez très en détail, avec illustration à l’appui, ceux qui peuvent vous servir sur plusieurs thématiques) Veillez aussi toujours à nuancer votre propos, à éviter la caricature. Ne soyez pas trop dogmatique et essayez de montrer les différents aspects d’un même phénomène. Par exemple, les taux de scolarisation dans le monde arabe varient fortement en fonction du sexe, du milieu (urbain/rural), des régions… N’hésitez pas à souligner des contradictions, à citer des exceptions quand elles sont éclairantes. Il est toujours bon de mettre en valeur des contrastes. - La question du déterminisme naturel. Historiquement, le déterminisme naturel a joué un rôle important pour la géographie classique, fondée sur les rapports entre l’homme et son milieu. Mais aujourd’hui, il n’est plus acceptable. Evitez donc les formulations maladroites sur le déterminisme climatique, ou sur l’eau du type « partout où il y a de l’eau, il y a des hommes ».
- La question de l’illustration : la présence d’illustrations dans votre devoir est obligatoire (4 points dans le barème sont réservés à l’illustration). Un fonds de carte sur la région Maghreb-Moyen-Orient est distribué pour chaque dissertation. Un croquis prouve au correcteur que vous disposez d’une connaissance spatiale des phénomènes que vous analysez. De plus, en vous entraînant à reproduire certains croquis, lors de vos révisions, vous assimilerez mieux certaines informations. Un croquis peut avoir différentes fonctions : localiser les espaces, les flux, les lieux dont vous parlez. Par exemple, dans un sujet portant sur le pétrole, il est recommandé d’esquisser un croquis rapide très schématique faisant figurer des gisements d’hydrocarbures, des oléoducs et gazoducs, les grandes raffineries et les principaux ports d’exportation.
Il est fortement recommandé de produire une carte de synthèse, reprenant les principaux éléments de l’argumentation, spatialisés par la carte. Attention, selon les sujets, une carte de synthèse n’est pas toujours réalisable à cette échelle de l’ensemble de la région. Vous pouvez en outre présenter dans le développement des croquis intermédiaires. Ils permettent souvent d’effectuer des changements d’échelle (locale, régionale, ou zoom sur un pays) qui offrent un autre point de vue que la carte de synthèse. En revanche, rien ne sert de cartographier à part dans le texte des éléments qui pourraient figurer sur le fonds distribué pour la carte de synthèse.
Ne pas oublier :
- le titre : il doit être en relation directe avec le sujet (sans le reprendre intégralement pour autant), et donc pensez à reprendre les mots clés du sujet et mieux la problématique. - l'échelle - l'orientation. - la légende : à mettre en bas ou sur une feuille à part, mais jamais au verso. Dans l’idéal, elle reprend les grandes parties du devoir, mais ce n’est pas toujours possible. Elle doit être ordonnée et hiérarchisée, c’est-à-dire que vous devez la présenter comme avez un plan détaillé avec des titres de partie et éventuellement des sous-titres.
Evitez les cartes muettes, sans aucune nomenclature : une carte doit faire apparaître des localisations même sommaires.
Enfin, veillez à mieux intégrer la carte ou les croquis à l’ensemble du développement, en y faisant référence, en les commentant. On ne vous demande pas de réaliser une œuvre d’art, mais un travail propre, soigné, ce qui demande un minimum de matériel, à vos crayons de couleurs !!!! Attention aux erreurs trop grossières de localisation.
Donc, au fur et à mesure de l’année, entraînez-vous à réaliser une carte de synthèse pour chaque thème étudié en cours, et un ou deux croquis intermédiaires. Pensez-toujours à simplifier ces cartes pour être capable de les reproduire le jour de l’examen.
III-Conseils de dernière minute
- Essayer au maximum d’être clairs dans les idées que vous énoncez. Attention aux écritures illisibles, le correcteur s’impatiente très vite. Evitez le jargon, les mots qui font géographiques mal employés ou employés à tout bout de champ (spécifique, diversité, structurant, pôle…)
- Aérez votre copie, sautez des lignes entre les grandes parties pour qu’elles apparaissent plus clairement.
- Surveillez l’orthographe, le correcteur énervé peut enlever des points. Gardez les 10 dernières minutes de votre temps pour vous relire.
- Organisez bien votre temps : quatre heures passent très vite. Réservez 5-10 min pour prendre le temps de bien comprendre le sujet. Réfléchissez, ne vous lancez pas trop vite dans la mobilisation des connaissances que vous avez sur le sujet. Faites attention aux sous-entendus éventuels de la formulation.. Soyez sûr de ne pas faire de hors-sujet, cela ne pardonne pas. |
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