En 2009, les initiatives diplomatiques exacerbent les tensions politiques nées à la suite de l'élection présidentielle contestée de février 2008. Un groupe indépendant chargé d'établir les faits – mis en place par le président Serge Sarkissian en juin 2008 afin d'évaluer les résultats de la commission parlementaire ad hoc qui enquêtait sur les émeutes survenues à Erevan au lendemain du scrutin – suspend ses activités au début du mois de mai 2009 en raison des frictions entre les membres nommés par le gouvernement et ceux qui sont issus de l'opposition. Le président Sarkissian dissout officiellement le groupe le mois suivant. Le 16 septembre, la commission parlementaire déclare que la police a utilisé à juste titre la force contre les manifestants de l'opposition. Néanmoins, sous la pression de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le Parlement arménien a accordé, le 19 juin, l'amnistie à des dizaines de partisans de l'opposition incarcérés en raison de leur rôle dans les violences postélectorales.
Le Parti républicain de Serge Sarkissian obtient 47,3 p. 100 des suffrages lors des élections municipales organisées le 31 mai à Erevan ; cette victoire lui permet de nommer le maire de la capitale. Le Mouvement national arménien, dirigé par l'ancien président Levon Ter-Petrossian, arrive en troisième position, avec 17,4 p. 100 des voix. Il prétend alors que le scrutin est entaché de fraude généralisée, et tous les membres de son parti refusent d'assumer leur mandat municipal. La Fédération révolutionnaire arménienne Dachnak (nationaliste) et le parti d'opposition Héritage rejettent la demande de rapprochement de Levon Ter-Petrossian.
Le P.I.B. chute de 18,5 p. 100 durant les sept premiers mois de l'année, mais commence à se stabiliser après que le pays a négocié des prêts d'urgence auprès des institutions financières internationales. En juin, les États-Unis réduisent d'un tiers le montant des aides octroyées à l'Arménie, en raison de la mauvaise gestion de l'élection présidentielle de 2008 et des manifestations qui ont suivi.
Le 22 avril, les gouvernements turc et arménien annoncent qu'ils sont parvenus à un accord visant à normaliser leurs relations. En effet, les deux États s'opposent sur deux points : le conflit du Haut-Karabakh (enclave arménienne en Azerbaïdjan, pays turcophone) a conduit Ankara à fermer sa frontière avec l'Arménie en 1993 ; la qualification des massacres d'Arméniens perpétrés en 1915 en Turquie, dont Ankara nie le caractère génocidaire. Peu après, le parti Dachnak quitte officiellement la coalition au pouvoir, réunissant quatre formations, afin de contester la politique du président Sarkissian, qu'il juge trop ouvertement conciliante envers la Turquie. Le 31 août, Erevan et Ankara, parvenus à un accord sous l'égide de la Suisse, dévoilent les deux protocoles visant à établir des relations diplomatiques et à ouvrir leur frontière commune. Les ministres des Affaires étrangères signent ces protocoles le 10 octobre, mais les deux Parlements ne les ratifient pas immédiatement, en raison de l'opposition de nombreux députés des deux pays. Peu après, le président Sarkissian se rend en Turquie pour assister à un match de football entre les deux équipes nationales, répondant ainsi à un déplacement similaire que le chef de l'État turc Abdullah Gül avait effectué en Arménie en septembre 2008.
Écrit par E.U.
Écrit par Elisabeth FULLER
Voilà ce que j'ai pu trouver sur les relations récentes (2009) avec la Turquie et les Etats-Unis. Rien sur la Russie. Je ne comprends pas très bien l'idée de Grand Jeu lorsqu'on la centre sur la seule Arménie. C'est la question du Caucase/des Caucases qui est en jeu.
Après au niveau de l'Arménie il y a plusieurs enjeux :
- La reconnaissance du génocide arménien par la Turquie pour répondre aux critères d'adhésion de l'UE.
- La peur américaine d'une influence trop importante de l'Iran sur la politique arménienne (frontière commune)
- La volonté affirmée de la Fédération de Russie d'asseoir de nouveau son pouvoir sur cette région charnière entre l'Asie et l'Europe.
L'Arménie est donc bien au centre de différentes sphères d'influences. Elle est également au centre des préoccupations régionales en ce qui concerne les règlements des différends antérieurs. On peut donc parler tout à la fois de confins d'influences diverses et d'un pôle politique.