C'est un plateau couvert de forêts, situé à l'extrémité sud-est de la Corrèze, sur la rive gauche de la Dordogne.
Depuis la ville d'Argentat, située au bord du fleuve, une petite route y grimpe péniblement. Les lacets sont serrés, mais permettent, au fur-et-à-mesure de la montée, de voir, à travers les arbres, se développer la vallée de la Dordogne.
Un village : Servières-le-Château. Et, à quelques kilomètres encore, un hameau, celui de ma famille paternelle.
Enfant de la ville, tout, ici, m'était insolite : les chants des oiseaux, les meuglements des vaches et le bruit de leurs cloches, le moteur de la voiture que l'on entend plusieurs minutes avant de la voir enfin, là-bas, à l'horizon... Et puis ce vaste terrain de jeu, entre le lac de Feyt et la fin du plateau, là où, surplombant la Dordogne, nous nous installions, avec mes cousins-cousines, près de la conduite forcée, pour admirer, en contre-bas, le barrage du Chastang.
Ce barrage fait partie de notre famille, l'arrière-grand père y étant mort, suite à une chute de cinquante mètre. C'est notre histoire et notre fierté !
Les jeux dans la forêt, les parties de rugby dans le champ du voisin, la chasse aux vipères au cœur des chauds après-midi d'été, lorsqu'elles somnolent sur les pierres sèches des murets longeant les chemins, l'eau fraîche du lac, la traite des vaches chez le voisin, les foins... Et la fête, au bout de la nuit, dans la vieille grange, maison commune où habitent à l'année les chauves-souris.
Ce petit bout de Corrèze chiraquienne (et oui !) reste à jamais dans mon coeur.
Géographie d'une mémoire ou mémoire d'une géographie ?