La vallée du Fiume Caldo près du temple de Ségeste en Sicile
Ségeste, Egesta en grec, était la capitale des Elymes.
Un peuple dont l’origine reste encore mystérieuse, certainement formé d’autochtones mêlés à une population venue d’Asie Mineure (peut-être Troyens). Leur riche territoire agricole était très convoité par leurs voisins, les Grecs de Sélinonte et les Carthaginois. Le site est célèbre pour son temple dorique et son théâtre dominant la vallée. La photographie est prise en Juin 2011 (le 20/06 à 10 h 36) depuis cette colline haute de près de 400m en direction du Nord Est vers la vallée du Fiume Caldo rejoignant la mer Tyrhénienne au nord vers Castellamare del Golfo.
Cette photographie résume ce qu’est un paysage méditerranéen. Deux chemins s’y croisent : le sentier archéologique conduisant le piéton vers le temple depuis l’acropole devenue forteresse et mosquée au moyen âge, et l’autoroute conduisant les automobiles de Palerme à Trapani. Le premier plan est occupé par un Tiers paysage, une friche qui doit son statut à la patrimonialisation du lieu. De part et d’autre de l’autoroute les champs cultivés (l’ager) profitent de l’eau de la rivière. Sur la gauche le saltus et la forêt dégradée (silva) par les incendies successifs (la fumée du dernier est encore visible) se partagent les pentes. L’habitat est dispersé mais l’essentiel de la population vit en ville et ce depuis longtemps.
Ce que j’aime dans cette vue c’est le fait que la modernité apportée par l’autoroute ne heurte pas l’équilibre visuel de l’ensemble. Le tracé sinueux magnifie le paysage par la ligne courbe. Toutes les époques se croisent sur ce paysage panoramique ou « régado et secano » (agriculture sèche et irriguée) s’opposent.
« Les Siciliens n'ont pas oublié les leçons de Demeter, puisque plus de la moitié du territoire de l'île est cultivée en céréales, mais il faut dire qu'ils n'ont guère amélioré le système de culture enseigné par la déesse aux époques fabuleuses; il leur est même à peu près impossible de faire mieux que leurs ancêtres (…). Quand on parcourt les campagnes de Sicile, on s'étonne du manque absolu de maisons.
Il n'y a point de villages, mais seulement, à de grandes distances les unes des autres, des villes populeuses. Tous les agriculteurs sont des citadins qui rentrent chaque soir, à la manière antique, dans l'enceinte de la ville; il en est qui sont obligés de faire chaque jour un double trajet de dix kilomètres ou davantage pour aller visiter leur champ et revenir au gîte; seulement, il leur arrive parfois de s'épargner la course du retour en passant la nuit dans quelque caverne ou dans un fossé couvert de branches; pendant la moisson et les vendanges, des hangars élevés à la hâte abritent les travailleurs. Les vastes champs de céréales qui remplissent les vallons et recouvrent les pentes doivent à cette absence d'habitations humaines un caractère tout spécial de tristesse et de solennité. On dirait une terre abandonnée et l'on se demande pour qui mûrissent ces épi s »…
Elisée Reclus Nouvelle Géographie Universelle
La Terre et Les Hommes L'Europe Méridionale 1876
François Arnal
Photo prise lors du voyage d'étude des Hypokhâgnes du Lycée Fauriel de St Etienne (42)
http://geofac.over-blog.com/article-carte-postale-geographique-un-paysage-sicilien-vu-depuis-le-theatre-de-segeste-83806738.html