Bonjour à toutes et à tous.
Cette photographie a été prise lors d'une étude réalisée par ma promotion en licence de géographie, sur les côtes de l'Albâtre dont nous sommes originaires, le Jeudi 19 Avril dernier, à la tombée de la nuit, vers 19h00. Nous nous situions à Dieppe (derrière le château, au début des falaises, pour les habitués).
Géographiquement, la situation des falaises et de la ville de Dieppe, ancrée dans le pays de Caux, à la limite du pays de Bray (ainsi que de toutes celles longeant la côte) est très intéressante. Voici ce que j'ai pu en retenir:
Les falaises de Dieppe sont relativement récentes dans l’histoire géologique. Elles datent du pléistocène (-2,6 millions d’années à -11430 ans) et de l' holocène (-11430 ans à aujourd’hui), mais c’est à la suite du réchauffement après la dernière glaciation que la mer est remontée jusqu’à un niveau presque identique à l’actuel, vers -6000 ans, et que les falaises actuelles se sont véritablement formées.
Le plateau sédimentaire Dieppois fait partie du bassin Parisien, tiraillé entre la tectonique des plaques des Alpes et la tectonique océanique. C'est d'ailleurs cette activité qui a donné lieu à l'apparition d'une boutonnière, non loin de Dieppe, dans le pays de Bray, attribuant à cette région une entité géographique particulière.
La composition du sol à Dieppe est assez "simple": 90 % de craies en partant de la base, puis des couches d'argiles et de silex (les traits noirs parallèles que l'on voit sur la photo) et enfin une couche de limon fertile, qui donne les prairies.
Le problème le plus important concernant ces falaises est bien entendu leur recul. Celui-ci s'est accéléré car nous sommes dans une période interglaciaire. Celle-ci menace la biodiversité qui existe en hauteur (nids d'oiseaux etc) mais aussi les habitants qui voient leur maison se rapprocher de plus en plus du précipice. Par exemple, l'homme a tenté d'ajouter des tonnes de galets au pied des falaises, censés les protéger. Or, la montée des eaux est tellement forte et les marées de plus en plus violentes, que les galets ont en réalité contribué à l'accélération de l'érosion. De nombreuses actions ont donc été menées afin de lutter contre ce recul des falaises, en vain. Ainsi, depuis de nombreuses années des bâtiments se sont retrouvés détruits en raison de ce phénomène.
La vitesse de recul de ces falaises est importante à cause de leur emplacement et de leur structure. En effet, elles font face au flux d'ouest et la craie, matière très friable, se détériore rapidement.
La première cause d'érosion est continentale: l'eau de pluie pénètre dans la craie, agrandit les fissures, puis avec le gel, l'eau qui s'est infiltrée dans la craie éclate et fait tomber des morceaux de falaise, permettant aux vagues d'y pénétrer puis de creuser des valleuses à long terme ou de participer davantage à l'érosion. Ces morceaux qui tombent et finissent par être roulés par l'action des vagues deviennent des galets, qui eux mêmes sont projetés par les vagues le long de la falaise en l'érodant davantage. C'est l'érosion marine. C'est donc "un cercle vicieux" sans réelle solution.
D'autres érosions sont visibles, comme l'érosion biologique: des organismes marins, comme les pholades, creusent des galeries dans la craie et fragilisent le platier rocheux, qui diminue et permet aux vagues d'avoir encore plus de puissance.
Plusieurs solutions ont pu être mises en place par les services d'environnement et d'urbanisme: Les perrés et digues parallèles au rivage ont prouvé leur efficacité à court terme, mais ils ont eu une durée de vie limitée et un résultat nul à long terme. Des reculs d'environ 1 mètre par an ont été observés à certains endroits.Ensuite, on a songé à retenir les galets au pied de la falaise en ralentissant leur transit, en traçant des épis grâce à des tracteurs. Effet: nul.
Pourtant, les scientifiques débattent sans cesse afin d'essayer de nouvelles solutions dans le but d'éviter la chute de bâtiments touristiques ou d'églises par exemple. La préservation de ce patrimoine est en effet essentiel, car Dieppe est le port de plaisance le plus proche de Paris. Ce sont les falaises et le patrimoine culturel du bord de côte qui attirent les touristes depuis des siècles. Sa préservation est donc une priorité. Or, il faut faire vite, dans quelques années seulement certains édifices seront perdus, comme l'église de Varengeville par exemple.
Durant cette étude de très nombreuses choses ont été dites et je ne peux bien entendu pas tout détailler mais le problème de l'érosion des falaises est un enjeu majeur pour la ville de Dieppe et pour toute la côte de l'Albâtre. C'est un sujet extrêmement intéressant sur le plan de la géographie humaine et environnementale. Des commissions s'organisent pour mieux lutter contre ce phénomène naturel. Malheureusement, comme les habitants nous l"ont dit "nous ne pouvons lutter contre la nature".