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| Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? | |
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Auteur | Message |
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Theophilius
Anaximandre
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Jeu 27 Juin - 19:55 | |
| Quelqu'un s'est-il demandé ici s'il pouvait, en droit, exister une science humaine, une science sociale... au delà même de la géographie?
« La Nature est ensemble de lois » disait, je crois, Boutroux : si ce n'est lui c'est un autre. Bref, si j'ai bien compris, ce qu'on appelle géographie physique est la partie scientifique de la géographie : climatologie, géologie etc.. Le reste est alors délaissé aux "sciences" humaines, la démographie, la géoéconomie, géoculture, géopolitique notamment. En tant que sciences ces domaines sont sensés énoncer des lois à partir des tendances qu'ils relatent ; par exemple, je ne sais pas moi... la migration pendulaire, l'hypermobilité chez Knafou, le phénomène urbain des villes nord-américaines... Bon. Mais il s'agit de cette éternelle tendance à vouloir établir des lois, une causalité, à vrai dire. Car de l'autre côté, en tant qu'humaines (ou sociales pour certaines), ces "sciences" portent sur le seul objet de la Nature qu'on saura considérer comme libre, s'il en est - et très vraisemblablement, c'est le cas, car l'homme agit presque autant sur la nature, que la nature n'agit sur lui. Toute science humaine est impossible, car dès qu'elle traite de l'homme, elle l'étudie en tant qu'objet et ne saisit de lui que sa part compréhensible, qu'il a de commun avec le reste de la nature. Dès lors, elle n'est plus humaine, cette science, puisqu'elle saisit l'homme par là où il se trahit, par là où il n'est pas homme mais, au mieux, grand mammifère. J'espère être compréhensible, j'emploie des idées qui me semblent évidentes, mais qui pourraient poser des difficultés à un lecteur qui leur serait extérieur. J efais de mon mieux.
En bref, pas de science qui touche à l'homme en tant qu'homme, car sa spécificité est justement d'être capable de s'émanciper des lois de la nature, sans toutefois créer une nouvelle nature, soumise à de nouvelles lois.
Là la géographie trouve sa place, si elle est menée à bien. Je ne parle pas de géographie physique - qui est la seule géographie scientifique - mais de la géographie qui porte sur l'homme. De même que l'histoire pense l'homme dans le temps, la géographie pense, entre autres, l'homme dans l'espace. Pour la majeure partie, bien sûr, puisqu'on ne peut pas penser le temps sans espace et vice-versa. Aussi le domaine transversal à toutes les géographies semble être la cartographie. Au delà, sa diversité commence, et les sociologues s'en emparent pour lui coller le titre pompeux et malvenu de science. Mais il n'y a qu'à ouvrir une carte pour se rendre compte à quel point cette idée est faussée : le géographe consciencieux relèvera des tendances, (installation d'habitation pour telle ou telle raisons etc.) mais ne devra jamais sombrer dans l'idée qu'il découvre des vérités : il n'y a pas de "facteurs" nécessaire à l'installation d'une population, par exemple, du fait de tel relief. Tous les facteurs peuvent être effectifs sans que le phénomène n'advienne, de même que le phénomène peut advenir là où on ne s'y attend pas, et là on découvre d'autres raisons qu'on définit comme d'autres facteurs récemment découverts. Non. La géographie, aussi bien dans sa spécificité cartographique que dans sa volonté de penser l'homme lorsqu'elle pense l'espace (elle pense l'homme dans l'espace) doit s'assumer comme une compilation de données, comme une casuistique experte et subtile. Plus largement toutes les sciences humaines devraient prendre cette conscience, cette éthique, même, mais la géographie en est le paradigme le plus affirmé : celui du petit rectangle inexpliqué et inexplicable au beau milieu de la carte, de la route isolée qu'on explique par une anecdote héréditaire et propriétaire. Les considérations larges nous éblouissent et rendent les similarités frappantes, mais le détail sensible dé-systématise cette illusion. Là où la molécule chimique sera toujours la même dans un même contexte, le cartographe contemple sur ses relevés la trace qui marque que l'humain et sa liberté sont passés par là. |
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Yeah_Dude
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Sam 24 Aoû - 19:29 | |
| Dans le fond quand les anciens explorateurs cartographiaient les côtes du continent américain ils faisaient bien de la géographie, pourtant on ne peut pas parler dans ce cas de science humaine, ni vraiment de science naturelle d'ailleurs.
Si faire de la géographie, c'est décrire et dessiner le monde, au nom de quoi est-ce que ça devrait être une science humaine? Je veux dire après tout on considère ici la géographie comme une science explicative, mais au final est-ce que ce qu'elle n'aurait pas pour simple but de décrire?
Vu que quand on tente d'expliquer un espace, ce qui l'organise, on peut le faire selon des tonnes d'approches, par exemple on peut s'intéresser à son organisation géologique, à ses plantes, aux activités économiques qui s'y trouvent, mais à aucun moment ces objets ne sont proprement géographiques, ils ont certes une inscription dans l'espace géographique, mais à part décrire leur localisation, je ne vois pas ce que le géographe aurait comme approche et outils qui lui permettent d'expliquer spécialement cet espace.
C'est peut-être pour ça que les cours de géographie en fac lorgnent sur autant de disciplines différentes : on se méprend à tenter d'expliquer l'espace social par la sociologie, économique par l'économie etc... Ces approches sont valables mais ne constituent pas le corps de la géographie, elles expliquent simplement des phénomènes en s'intéressant à leur inscription spatiale.
Donc je ne suis pas sûr qu'on puisse vraiment parler de la géographie comme entre sciences naturelles et sciences humaines. Ou alors on peut parler de la place de l'approche géographique des faits étudiés dans ces disciplines, mais pas de la géo comme discipline autonome dans ce cadre là. |
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Wishyourworld
Ptolémée
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Sam 24 Aoû - 22:26 | |
| - Yeah_Dude a écrit:
- Dans le fond quand les anciens explorateurs cartographiaient les côtes du continent américain ils faisaient bien de la géographie, pourtant on ne peut pas parler dans ce cas de science humaine, ni vraiment de science naturelle d'ailleurs.
Si faire de la géographie, c'est décrire et dessiner le monde, au nom de quoi est-ce que ça devrait être une science humaine? Je veux dire après tout on considère ici la géographie comme une science explicative, mais au final est-ce que ce qu'elle n'aurait pas pour simple but de décrire?
Vu que quand on tente d'expliquer un espace, ce qui l'organise, on peut le faire selon des tonnes d'approches, par exemple on peut s'intéresser à son organisation géologique, à ses plantes, aux activités économiques qui s'y trouvent, mais à aucun moment ces objets ne sont proprement géographiques, ils ont certes une inscription dans l'espace géographique, mais à part décrire leur localisation, je ne vois pas ce que le géographe aurait comme approche et outils qui lui permettent d'expliquer spécialement cet espace.
C'est peut-être pour ça que les cours de géographie en fac lorgnent sur autant de disciplines différentes : on se méprend à tenter d'expliquer l'espace social par la sociologie, économique par l'économie etc... Ces approches sont valables mais ne constituent pas le corps de la géographie, elles expliquent simplement des phénomènes en s'intéressant à leur inscription spatiale.
Donc je ne suis pas sûr qu'on puisse vraiment parler de la géographie comme entre sciences naturelles et sciences humaines. Ou alors on peut parler de la place de l'approche géographique des faits étudiés dans ces disciplines, mais pas de la géo comme discipline autonome dans ce cadre là. Il est bien triste que vous raisonniez ainsi. La géographie existe en tant que science et doit en partie son attribut justement à son côté explicatif. Pourrait - on examiner la géographie comme une science si nous passions nos journées à envisager une série d'herbiers certes forts jolies, forts utiles mais est ce ainsi que la science évolue ? Je suis donc attristé par ces remarques qui ne fond que nous montrer combien vous ignorez a priori le sens et la pratique contemporaine de la discipline. La géographie est bien jeune dans ses principes actuels et plus encore dès lors que l'on lui associe une dimension quantitative. Le géographe étudiant ignore pour l'essentiel la dernière composante et va même jusqu'à la confondre avec l'usage de la technique et en particulier le SIG. Notre explicatif n'est aujourd'hui plus seulement un assemblage hétéroclite de notions égarées d'une discipline ou d'une autre mais bien un ensemble cohérent au sein d'une vaste discipline certes diversifiée mais se rassemblant autour d'un tronc commun l'espace et son rapport à l'homme. Voila donc le sujet ou le cœur de notre théâtre d'opération. Si la transdisciplinarité est un crime alors il faudra bruler l'essentiel des chercheurs et enseignants du supérieur. Soyez aussi conscient que dans l'étude d'un sujet donné, il est souvent difficile de rester sur un cœur isolé sous peine de s'égarer dans des discussions stériles et sans fondement. Aussi, la géographie a un point d'ancrage l'espace et vous ne parler que d'en maitriser les mesures mais l'espace et l'étude des formes ou morphologie n'est elle pas en soit déjà un début d'explication et pour le coup géographique au premier chef ? Et plus tard le géographe rencontre son voisin et de cette nouvelle proximité nait la recherche et l'innovation. Vous êtes jeune et vous recherchez la pureté dans une discipline fermée alors que cette dernière a toutes les raisons d'être ouverte si elle désire croitre. Vous devriez vous féliciter justement d'un tel éventail de possible. Comme l'économie, la géographie est tout et tout est géographique. Mais que ce constat n'occulte pas notre sagacité pour les années à venir, à développer et rechercher méthodes et techniques nouvelles pour une révolution géographique. |
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Yeah_Dude
Hérodote
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Dim 25 Aoû - 21:04 | |
| "ces remarques qui ne fond que nous montrer combien vous ignorez a priori le sens et la pratique contemporaine de la discipline"
À vrai dire je ne pense pas être complètement ignorant du sens et de la pratique contemporaine de la discipline, je l'étudie depuis plusieurs années, et je me suis beaucoup intéressé à ce qui faisait justement sa diversité. Mais mes interrogations viennent justement du fait qu'à force de voir la discipline aborder des sujets d'une variété extrême avec des méthodes complètement différentes, j'en viens à avoir du mal à trouver où est la géographie dans tout ça. Je n'ai rien contre la transdisciplinarité, au contraire, mais des fois j'ai l'impression que la géographie n'est faite que de transdisciplinarité, que finalement chaque géographe se colle à une autre discipline à partir d'une approche géographique qui ne manque pas d'intérêt mais qui ne relèverait pas d'une discipline à part entière, qui resterait une approche.
Comme cœur de celle-ci, vous proposez l'espace et sa relation à l'homme. Mais la relation à l'homme n'est pas nécessaire pour faire de la géographie : on peut étudier la géographie de l'Antarctique, pourtant il n'y a (presque) pas d'hommes dessus, tout comme on peut étudier les villes, entièrement humaines. Donc l'espace étudié par les géographes peut être aussi bien humain que physique. Le problème, c'est que si on postule à ce moment que la géographie est explicative, les méthodes pour expliquer ces deux types d'espace n'ont rien à voir! Dans un cas ça sera plus de la morphologie sociale, tandis que dans l'autre les méthodes relèveront des géosciences et des sciences naturelles.
C'est peut-être pour cela qu'on a parlé de la géographie comme science de synthèse, parce que l'explication relevait de méthodes si différentes. Or la séparation de fait entre géographie physique et géographie humaine me semble relever de cette différence, l'explication ne se fait pas du tout de la même façon, d'où difficulté à voir ce qui fait là-dedans l'union de la géographie.
Quand je parle de la géo comme description, c'est parce que je me demande si finalement ce qui fait le lien entre l'étude d'un trait de côte et l'étude de l'extension d'une ville, ce n'est pas le relevé de ces objets géographiques en tant qu'étendus dans l'espace géographique, pour les représenter sur une carte. Tout simplement. Là, on applique les mêmes méthodes pour étudier une ville qu'une montagne.
Je sais parfaitement que c'est un peu extrême, et vous avez parfaitement raison quand vous refusez de fermer la discipline, mais avant de m'ouvrir sur d'autres points de vue disciplinaires je voudrais comprendre ce qui fait la géographie, ses méthodes propres.
Vous citez à juste titre la géographie quantitative. Il me semble que celle-ci s'est développée justement sur les remarques que je fais, sur l'absence de méthodes proprement géographiques pour appréhender l'espace. Et que donc, au lieu de faire de la sociologie spatialisée ou autre, les quantitativistes ont essayé de théoriser l'espace en lui-même, de s'attacher principalement à l'étude des répartitions, des discontinuités, etc, donc à des faits proprement géographiques. Là-dessus ça me semble parfaitement cohérent, mais j'y trouve une faiblesse dans l'évacuation fréquente dans ces travaux de l'espace non-humain justement, de ce qui sort de l'espace social et économique. |
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Wishyourworld
Ptolémée
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Lun 26 Aoû - 20:10 | |
| - Yeah_Dude a écrit:
- "ces remarques qui ne fond que nous montrer combien vous ignorez a priori le sens et la pratique contemporaine de la discipline"
À vrai dire je ne pense pas être complètement ignorant du sens et de la pratique contemporaine de la discipline, je l'étudie depuis plusieurs années, et je me suis beaucoup intéressé à ce qui faisait justement sa diversité. Mais mes interrogations viennent justement du fait qu'à force de voir la discipline aborder des sujets d'une variété extrême avec des méthodes complètement différentes, j'en viens à avoir du mal à trouver où est la géographie dans tout ça. Je n'ai rien contre la transdisciplinarité, au contraire, mais des fois j'ai l'impression que la géographie n'est faite que de transdisciplinarité, que finalement chaque géographe se colle à une autre discipline à partir d'une approche géographique qui ne manque pas d'intérêt mais qui ne relèverait pas d'une discipline à part entière, qui resterait une approche.
Comme cœur de celle-ci, vous proposez l'espace et sa relation à l'homme. Mais la relation à l'homme n'est pas nécessaire pour faire de la géographie : on peut étudier la géographie de l'Antarctique, pourtant il n'y a (presque) pas d'hommes dessus, tout comme on peut étudier les villes, entièrement humaines. Donc l'espace étudié par les géographes peut être aussi bien humain que physique. Le problème, c'est que si on postule à ce moment que la géographie est explicative, les méthodes pour expliquer ces deux types d'espace n'ont rien à voir! Dans un cas ça sera plus de la morphologie sociale, tandis que dans l'autre les méthodes relèveront des géosciences et des sciences naturelles.
C'est peut-être pour cela qu'on a parlé de la géographie comme science de synthèse, parce que l'explication relevait de méthodes si différentes. Or la séparation de fait entre géographie physique et géographie humaine me semble relever de cette différence, l'explication ne se fait pas du tout de la même façon, d'où difficulté à voir ce qui fait là-dedans l'union de la géographie.
Quand je parle de la géo comme description, c'est parce que je me demande si finalement ce qui fait le lien entre l'étude d'un trait de côte et l'étude de l'extension d'une ville, ce n'est pas le relevé de ces objets géographiques en tant qu'étendus dans l'espace géographique, pour les représenter sur une carte. Tout simplement. Là, on applique les mêmes méthodes pour étudier une ville qu'une montagne.
Je sais parfaitement que c'est un peu extrême, et vous avez parfaitement raison quand vous refusez de fermer la discipline, mais avant de m'ouvrir sur d'autres points de vue disciplinaires je voudrais comprendre ce qui fait la géographie, ses méthodes propres.
Vous citez à juste titre la géographie quantitative. Il me semble que celle-ci s'est développée justement sur les remarques que je fais, sur l'absence de méthodes proprement géographiques pour appréhender l'espace. Et que donc, au lieu de faire de la sociologie spatialisée ou autre, les quantitativistes ont essayé de théoriser l'espace en lui-même, de s'attacher principalement à l'étude des répartitions, des discontinuités, etc, donc à des faits proprement géographiques. Là-dessus ça me semble parfaitement cohérent, mais j'y trouve une faiblesse dans l'évacuation fréquente dans ces travaux de l'espace non-humain justement, de ce qui sort de l'espace social et économique. Je vous remercie pour ces précisions qui me semblent déjà plus "ajustées" à celles d'un géographe ou à une personne qui aime la discipline. Pour le reste, et pour répondre rapidement, il me semble que cet aspect polymorphe de la discipline pourrait conduire à une dispersion et au final à une désunion des différents courants. Je ne vous cacherai pas que je suis issu du courant quantitatif et plus particulièrement d'une portion sans doute encore plus tenue qui est la géographie théorique. Dans ce domaine précis, nous faisons de la géographie à partir de modèles essentiellement mathématiques qui pour la plupart des autres géographes constituent une géographie économique. Plutôt que de géographie économique comme pratiquée dans les années 50 60, il ne s'agit ici pas de noyer le lecteur sous un flot de chiffres et autres données factuelles. Aussi je parlerai plus volontiers d'économie géographique comme définie par nos amis économistes. Ils ont alors une vision de la société éclairée par la dimension spatiale et sous ses deux grandeurs que sont la largeur et la longueur. En substance, l'économiste qui envisage cette ouverture privilégie une porte d'entrée pour terrain de jeu et il s'agit de l'espace. Il existe en effet pour l'économiste N facteurs explicatifs pour un phénomène donné, l'économiste spatial opte pour l'espace comme dimension phare pour ses études. Aussi, je me suis souvent dit, et la je vous rejoins pour partie, à trop vouloir tout étudier, tout connaitre, tout répertorier et tout envisager dans tous les domaines, le géographe est devenu certes un érudit mais il en a souvent perdu le sens du raisonnement. A vouloir expliquer, il a fini par tourner autour de multiples sujets sans définir véritablement de règles et il en est sorti une science dite "molle" sans reproductibilité, sans transposabilité et opérant par succion de la sève d'autres matières plus hégémoniques. Notre discipline en a oublié sommes toute l'essentiel, se construire un cœur sûr, un noyau plus ou moins dur sur lequel se reposer. Contraire attaquant d'autres contraires, elle a fini par établir des dogmes issus de guerres picrocholines. Tout cela n'a pas échappé à l'économie, hégémonique elle même qui s'est empressée de nous voler notre cœur de métier à savoir la substance spatiale. La théorie géographique ne serait-elle donc pas aujourd'hui l'économie géographique ? Je vous laisse juger selon votre sentiment. |
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VuDuNord
Invité
| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Mer 28 Aoû - 18:17 | |
| La géo, c'est par excellence la preuve que la limite en tre sciences "humaines" et "naturelles" est floue, ténue, articifielle...
Si d'autres disciplines scientifiques touchent du doigt cette interrelation de l'humain et du naturel (je pense à la psychologie, devenue, elle aussi, bâtarde, notamment avec l'essor des neurosciences...), elle est, en géo "inscrite dans les gènes".
Je suis géopolitologue, mais je ne pourrais pas faire correctement mon boulot de géographe (car oui, la géopolitique, c'est de la géo!) sans ma formation "naturelle".
C'est ce qui fait toute la différence d'avec mes collègues politologues ou spe´cialistes des relations internationales: comme mon objet est d'abord est avant tout l'espace, je me dois d'en considérer les multiples facettes. Travaillant sur la géopolitique des ressources naturelles, les changements climatiques, les processus naturels, le cycle hydrologique d'un bassin versant, la question de l'érosion... tout ceci fait partie de ce que je dois considérer et qui m'aide à faire mon boulot, voire lui donne tout son (modeste) intérêt.
(Vu d'un labo de recherche multidisciplinaire, où je suis la seule géographe "perdue", et heureuse de l'être, entre des géologues, des biologistes... et des anthropologues ou des politologues) |
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BOUBA03
Anaximandre
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Mar 24 Sep - 19:29 | |
| la Géographie occupe une place de carrefour. |
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nkoulou mezui luigi
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Dim 8 Déc - 11:22 | |
| Bjr les Amis, svp jai un travail en photogrammétrie, j'ai besoin d'un cours sur la "stéréoprépartion" merci! |
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nkoulou mezui luigi
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Dim 8 Déc - 11:23 | |
| Bjr les Amis, svp j'ai besoin d'un cours sur la "stéréoprépartion" merci! |
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richard ouokam
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Sam 14 Déc - 13:42 | |
| Je ne suis pas géographe de formation. Cependant, la question : Quelle place pour la Géographie au sein des Sciences Humaines ? est très intéressante.
Avant d'aller plus loin essayons de définir en termes simples sciences humaines et Géographie.
Sciences humaines : Sciences qui ont pour objet l'étude de l'homme et de ses comportements individuels et collectifs.
Géographie : science qui a pour objet l'étude descriptive et explicative de la répartition à la surface de la Terre des phénomènes physiques, biologiques et humains.
Il me semble que parmi les sciences humaines, la Géographie a ses spécificités, son champs d'application. C'est une discipline qui pour être comprise et maîtrisée requiert une solide formation. C'est aussi une discipline qui s'est enrichie avec l'évolution des nouvelles technologies d'information et de la communication. C'est cet enrichissement qui la rend plus complexe, mais aussi plus utile dans le champs des recherches et notamment dans la cartographie des phénomènes complexes. Pour conclure, je pense que la géographie occupe une place de prépondérante dans les sciences humaines et qu'elle a parfois, dans certains cas spécifiques les assures d'une science exacte en raison de l'exactitude des données qu'elle produit. Ceci est ma petite contribution a ce débat.
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richard ouokam
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Sam 14 Déc - 14:00 | |
| Je ne suis pas géographe de formation. Cependant, la question : [size=12]Quelle place pour la Géographie au sein des Sciences Humaines ? est très intéressante. Avant d'aller plus loin essayons de définir en termes simples sciences humaines et Géographie. Géographie : Science qui a pour objet l'étude descriptive et explicative de la répartition à la surface de la Terre des phénomènes physiques,biologiques et humains. Sciences humaines : sciences qui ont pour objet l'étude de l'homme et de ses comportements individuels et collectifs. Il me semble que la géographie est une discipline qui a ses spécificités, son/ses domaines d'application. C'est aussi une discipline qui s'est beaucoup enrichie avec le développement des technologies de l'information et de la communication. Enfin, c'est une discipline qui a mon avis requiert une formation assez pointue (avec plusieurs branches). Aussi je crois qu'elle occupe une place très importance parmi les sciences humaines et qu'elle tend même avec les mathématiques modernes qu'elle utilise abondamment à devenir une science appliquée par certaines de ses branches. |
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elian alabi lucci
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Mar 13 Mai - 19:08 | |
| ASSUNTO Re: Qual O Papel Da Geografia NAS Humanidades? 13 de maio de 2014 Elian Alabi Lucci 00:00 QUANDO o Como SER HUMANO é a Colocasia uma Pessoa, mas importante é que o Espaço geográfico passou Altera e-lo desmedida formação, creio que tem em Ciência Geográfica Conexão com Educação desen LeVar tem Geografia tem Reflexões mas Humanista. Isto É parágrafo Como Diz Edgar Morin precisamos UMA Pedagogia Holonômica Marcada Pela transdisciplinaridade, onda Ciências OUTRAS de cunho humanístico interpenetrem tem Ciência Geográfica, ajudar parágrafo SER HUMANO o que tem reumanizar fóruns ESTA EICO colocando Nosso planeta tem beira UMA catastrofe. |
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jpl
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Jeu 29 Mai - 13:01 | |
| Pour la documentation des géographes replacée dans le flot de documentation sur le Net, un scoop it très intéressant et très régulièrement actualisé : http://www.scoop.it/t/usages-numeriques-histoire-geographie-enseignement |
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Yeah_Dude
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Ven 31 Oct - 15:07 | |
| Dans le fond, le sujet que j'ai ouvert sur le forum épistémologie me semble apporter des éléments de réponse à la question : http://www.passion-geographie.com/t2772-la-geographie-c-est-la-description-de-la-surface-de-la-terre
Je pense qu'on fait une grave erreur en partant de l'idée que la géographie est une discipline explicative, située entre sciences naturelles et sciences humaines.
Au sens strict, la géographie, c'est la description de la surface de la Terre. C'est le sens étymologique du mot. La discipline est pratiquée dans ce sens depuis l'Antiquité, et n'a jamais cessé de l'être. Son fonctionnement est toujours le même, même si les techniques ont évolué : pour décrire la surface de la Terre, les géographes doivent : - acquérir de l'information géographique (i.e relative à ce qui caractérise la surface de la Terre, que ce soient les traits de côte, les villes, les routes, les forêts, l'altitude etc). Pendant des millénaires cette tâche a été le fait d'explorateurs ou de voyageurs divers (marchands etc), qui rapportaient l'information acquise sous des formes diverses et plus ou moins précises (récits de voyages, mesures astronomiques, descriptions iconographiques etc). Les moyens d'acquisition et de mesure se sont perfectionnés avec le temps : développement de la topographie, puis apparition des méthodes de télédétection (en premier lieu la photographie, puis plus tard les satellites) qui permettent désormais d'acquérir une partie de l'information à distance, sans besoin de voyager sur place (même si l'acquisition de données au plus près du terrain reste nécessaire pour les précisions à grande échelle). - Modéliser l'information. Il s'agit de passer de l'information brute à une représentation du monde le plus proche de la réalité. La développement de la géodésie permet très tôt aux savants de se représenter les dimensions du globe terrestre (là aussi les mesures ont été, et sont toujours en train d'être affinées), et de développer des projections cartographiques sur lesquelles l'information géographique peut être restituée avec toute la précision que permet la géométrie (les récits et autres descriptions littéraires ne permettent pas de spatialiser avec autant de précision, même si elles ont longtemps été utilisées, au XIXe siècle encore des livres de description des côtes étaient rédigés pour permettre aux marins de se repérer et de s'orienter). Ptolémée est un pionnier en la matière.
Notez cependant que ce processus n'est pas linéaire, la modélisation peut venir avant l'acquisition, c'est même la cas d'ordinaire, mais historiquement l'acquisition d'information a pu venir avant leur modélisation, d'où le caractère hétéroclite des types de données produites et des modes de restitution de l'information géographique au cours de l'histoire humaine.
- Une fois la donnée acquise et structurée, elle est stockée (aujourd'hui de manière numérique avec les bases de données), puis précisée et mise à jour avec l'évolution des mesures et de la surface de la Terre elle-même. La mise à jour était auparavant longue et fastidieuse (il a fallu un temps considérable avant le remplacement de la carte de Cassini par la carte d'état-major en France), elle est aujourd'hui beaucoup plus rapide (les cartes et les bases de données géographiques sont continuellement mises à jour, l'imagerie suit la Terre au jour le jour).
- La donnée peut ensuite être traitée dans le but de fournir plus d'informations (techniques d'analyse spectrales des images satellitaires pour catégoriser l'utilisation des sols, photo-interprétation, photogrammétrie qui permet de restituer l'information en trois dimensions).
- Dans le but de répondre à des besoins précis, elle est ensuite analysée (interrogation, catégorisation, hiérarchisation, simulation). L'analyse spatiale de l'information géographique a largement développé ces méthodes au cours des dernières décennies.
- Les résultats obtenus sont enfin restitués, sous forme de carte traditionnellement, mais aujourd'hui de nouvelles formes de restitution se développent avec le numérique (applications cartographiques en ligne, hypercartes etc).
Bon bref tout ça pour dire que la géographie en tant que description de la surface de la Terre, son sens premier, n'a jamais cessé d'exister et est toujours pratiquée aujourd'hui. Elle n'a rien à voir avec une discipline explicative, ne consiste ni en une science naturelle ni en une science sociale, et dispose bien d'une activité, de méthodes propres et d'un but qui ne sont l'objet d'aucune autre discipline. Vue sous cet angle, la géographie a toute sa place au sein des sciences, et n'est à la remorque d'aucune autre discipline.
La géographie à laquelle fait référence le sujet de ce débat n'est pas cette géographie, mais la géographie universitaire, telle qu'elle est pratiquée à la fac et enseignée à l'école. Ses racines historiques sont très récentes : elle a été fondée en France par Vidal de la Blache, qui s'inspirait comme Elysée Reclus des travaux de Friedrich Ratzel. Elle ne porte le nom de géographie que par extension : il s'agit d'une discipline de littéraires qui n'a aucun lien avec les méthodes de description de la surface de la Terre. Vidal était historien, et sa culture l'a poussé à se renseigner sur les sciences naturelles.
Les "Tableaux de géographie de la France", qui font office d'ouvrage fondateur, n'apportent aucune donnée nouvelle : ils ne sont qu'une synthèse de données déjà existantes (données géographiques de la carte d'état-major, données démographiques, économiques etc), destinée à présenter une vision particulière et orientée du territoire français, en accord avec l'esprit du temps (leur dimension agrarienne est particulièrement frappante). C'est là la fonction de base de la géographie universitaire : produire une vision du territoire destinée à être enseignée : les "Tableaux" ouvrent d'ailleurs les ouvrages de Lavisse, qui eux donnent une vision de l'histoire du pays bien conforme aussi à leur ère (i.e la IIIe République et la structuration d'une identité nationale). Pas un hasard du tout, ces textes ont la même vocation.
D'où le succès de Vidal, qui a mené une fort belle carrière universitaire : son succès n'est pas d'ordre scientifique (il n'a développé aucune méthode d'acquisition de savoirs nouveaux, fait aucune découverte, son travail a toujours été de synthétiser les produits de chercheurs pour en sortir une vision territoriale), mais strictement universitaire, i.e ses discours convenaient parfaitement aux valeurs de la République, et il était très intéressant pour elle de former les professeurs à cette école.
Donc il ne faut pas se leurrer sur la position de la géo comme discipline entre sciences naturelles et sciences sociales : elle n'a jamais été vraiment une discipline qui produisait un savoir à cheval sur ces champs de recherche, mais simplement une activité de synthèse des données produites par ceux-ci dans une optique territoriale. Les thèses à plan tiroir (par exemple celle d'André Fiette sur l'Aisne) en sont la meilleure illustration, on prend une entité administrative et on fait la revue des éléments géologiques, démographiques et économiques qui la caractérisent.
Les géographes ne l'ont pas toujours compris mais on bien senti leur différence avec les sociologues et autres naturalistes qui eux faisaient avancer la science. D'où les recentrements qu'a connu la discipline : en focalisant la discipline sur la géomorphologie, Emmanuel de Martonne parvenait ainsi à occuper un objet de recherche réel, lié à la géologie, sur lequel il y a effectivement moyen d'agir en chercheur producteur de données. Cependant en faisant ça il perdait totalement le sens original de la discipline de Vidal (synthétiser pour offrir une vision des territoires), mais, les géographes n'étant pas des scientifiques et n'ayant pas le baguage géologique suffisant, devaient soit se reconvertir en géologues géomorphologues, menant ainsi à la situation grotesque de voir des chercheurs appliquer des méthodes scientifiques en fac de lettres et mener des travaux sur les formes du relief terrestre (activité relevant strictement des sciences naturelles) sans être qualifiés comme géologues, sans s'intégrer aux équipes pertinentes et sans communiquer suffisamment avec les communautés scientifiques dont leurs travaux relevaient, ce qui pose bien entendu de sérieux problèmes quant à la question du contrôle académique ; soit jouer aux scientifiques sans avoir le baguage nécessaire en maths, physique, et sciences de la Terre, et donc mener des travaux totalement à la ramasse ou se résumant à un commentaire de données produites par les géologues sans validation scientifique sérieuse.
D'où l'indigence des travaux produits : pour étudier sérieusement les formes du relief terrestre et leurs processus de formation, il faut être un scientifique et capable d'analyser et quantifier rigoureusement ceux-ci (car l'érosion, les logiques tectoniques et compagnie sont des processus physiques, parfois aussi chimiques, qu'il faut pouvoir estimer avec les méthodes de ces champs d'étude). Les géographes géomorphologues étaient bien incapables de modéliser mathématiquement les processus qu'ils prétendaient étudier, d'où leur activité de catalogage des formes de relief et d'interprétation superficielle des cartes.
Les craquements épistémologiques qu'a connu la discipline à partir des années 1950 viennent en partie de cette situation de vide : à jouer les scientifiques sans légitimité académique, les géographes ne montraient que trop leur peu de compétences et leur inaptitude à traiter des domaines qu'ils prétendaient étudier.
Cependant personne n'a songé à remettre en cause la dimension explicative de la géographie : on a opéré un recentrement dans l'autre sens, i.e sur les sciences sociales, alors que là aussi les géographes n'avaient pas de compétences propres ni de méthodes d'étude et de production de données nouvelles, normal cela n'avait jamais été le cas.
On se retrouve depuis dans une situation similaire à celle de l'âge d'or de la pseudo-géomorphologie : les géographes étudient l'homme soit en produisant des synthèses qui peuvent être intéressantes en tant que telles, mais qui n'apportent rien en termes de production de savoirs (ce qui donne tous ces ouvrages qui traitent de grands thèmes en les spatialisant un peu), soit en adoptant résolument les démarches des sociologues ou même des ethnologues, tombant ainsi dans le travers de faire de la sociologie sans communiquer avec les sociologues et sans passer par leur contrôle académique, et accessoirement sans toujours maîtriser correctement leurs concepts et outils de travail.
Leur grande excuse : la spatialisation. Pour justifier de ne traiter aucun objet propre (ils ne sont pas des géographes au sens strict du terme), mais de s'occuper de faits sociologiques, économiques, culturels ou même encore naturels, les géographes mettent en avant l'approche spatiale de ces faits comme spécifiant leur approche. Sauf que si une approche spatiale peut être intéressante, elle ne justifie nullement l'autonomisation académique d'une discipline : étudier des logiques sociales dans l'espace, c'est faire de la sociologie spatialisée, et ça doit être fait dans le cadre de la sociologie.
Du reste les outils de spatialisation mis en avant par les géographes sont souvent d'une indigence rare : le développement des méthodes de l'analyse spatiale a très justement cherché à pallier ce manque, en produisant des concepts et méthodes propres qui permettent de déployer une analyse rigoureuse des dynamiques spatiales, parce que certains chercheurs sentaient bien que le fait de décrire approximativement l'inscription d'un phénomène dans l'espace ne constituait pas une méthode justifiant une autonomie disciplinaire réelle. Cela a mené au développement, dans certains cas, de méthodes d'analyse de l'information géographique qui ont relié ce champ à la géographie originale, ce qui n'est pas un hasard puisque les méthodes de spatialisation rigoureuse en relèvent directement (l'IGN assiste d'ailleurs parfois des archéologues et autres pour localiser et mesurer l'extension d'objets archéologiques, ça c'est un exemple réel de spatialisation de données non directement géographiques via des méthodes disciplinaires propres). Mais cela n'a pas toujours été le cas, et toute une partie du courant de l'analyse spatiale en est resté à l'analyse socio-économique en se contentant d'appliquer des méthodes d'étude statistique, tombant ainsi dans le travers de l'économie spatiale faite à l'écart des économistes, échouant à se hisser hors de la vision de la géographie comme une discipline explicative.
Le thème de la spatialisation en géographie est d'ailleurs de plus en plus flou et dévoyé : les géographes perdent toujours plus de vue le fait que leur spatialisation se rapporte à l'espace géographique, i.e à la surface de la Terre, et s'intéressent désormais à l'espace sous toutes ses formes, y compris l'espace culturel, voire pire, l'espace diégétique et compagnie : le numéro récent des Annales de Géographie sur la géographie et le cinéma était à cet égard parfaitement consternant, on pouvait y voir Di Méo parler d'espace entre les personnages chez Antonioni etc... A force de traiter de tout et n'importe quoi sous prétexte d'espace, les géographes se retrouvent même à faire des visual studies dans leur coin, affligeant. Si encore il ne s'agissait que d'une ouverture isolée, ponctuelle, ça irait, mais ce n'est pas le cas, on voit fleurir les travaux de ce type.
Je me rappelle avoir vu un mémoire de M1 qui portait sur l'espace dans "L'Amour est dans le pré" : la note était excellente, et le commentaire enthousiaste : "Un excellent travail qui ouvre de formidables perspectives à la géographie humaine". Alors que ce travail aurait eu sa place dans une fac de cinéma pratiquant les visual studies... quand un ébéniste fait de la maçonnerie, il ouvre de formidables perspectives à l'ébénisterie, ou est-ce qu'il fait simplement de la maçonnerie? Sérieusement.
L'autre grand dada des géographes, c'est leur "vision globale". Au moins, cette idée a le mérite de reconnaître l'activité de synthèse. Mais ils ne se rendent pas compte que ça s'arrête simplement là, que ça ne constitue pas une particularité qui en fasse des chercheurs autonomes. Comme si un sociologue était nécessairement totalement cloisonné, comme s'il ne pouvait pas lui aussi adopter une vision plus large et considérer les données apportées par d'autres disciplines... Surtout que cette fameuse vision globale ne s'appuye sur aucune méthode ou concepts rigoureux à l'image de l'écologie, qui elle étudie les interactions avec la plus grande rigueur et produit des concepts valables comme l'écosystème, la chaîne alimentaire etc... En géographie on ne peut pas dire que les quelques tentatives de conceptualisation aient fait fureur, le géosystème n'est pas allé bien loin.
Donc la géographie n'a tout simplement pas sa place au sein des sciences humaines, pas plus qu'auprès des sciences naturelles, du moins en tant que discipline autonome à vocation explicative. La géographie autonome disciplinairement et qui dispose d'une place au sein des sciences, c'est celle qui décrit la surface de la Terre. La démarche universitaire, c'est soit une activité de formations de professeurs qui a vocation a produire une vision de l'espace qu'on puisse enseigner (exactement ce qu'a fait Roger Brunet avec la banane bleue, il avait tout compris, pas étonnant dès lors de voir le grand succès qu'ont eu ses chorèmes dans les manuels scolaires), soit une démarche qui devrait se fondre dans les disciplines qui disposent d'un véritable objet d'étude.
Mais elle n'a en vérité jamais eu de place au sein des sciences, d'où le fait que personne n'en connaisse l'objet d'étude et les travaux, d'où le fait qu'elle n'ait eu aucun impact sur les disciplines dont elle s'inspirait, et d'où ses recadrages et craquement constants dans sa quête de crédibilité.
Voilà, cela me semble apporter une bonne réponse à la question du débat. Il y a eu des interventions intéressantes qui questionnaient la pertinence du concept de discipline : s'il est vrai que le monde n'est de toutes manières pas divisé en disciplines, la pratique disciplinaire est quand même très importante dans une optique de maîtrise de compétences et outils et de contrôle académique de la qualité des travaux produits, d'où je pense l'importance de bien clarifier la place de la géographie dans le contexte disciplinaire et universitaire. |
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bekanty225
Anaximandre
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Jeu 6 Nov - 20:15 | |
| la géographie occupe une place essentielle dans la société puisque elle est considérée comme la meilleur science qui s'occupe des questions de société en thème de développement, santé, Economie environnement..alors nous pouvons dire que ''la Géographie est la vie'' |
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Bo7
Anaximandre
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Mer 21 Jan - 0:04 | |
| Bonjour à tous; je suis en terminale ES et j'aimerai me lancer dans une licence générale de géo. Cependant j'ai des doutes au niveau de mes capacités. Pour info j'ai 17 de moyenne en hist.géo dans un bon lycée privée mais bon je pense que vous le savez c'est pas la note qui représente réellement le niveau d'intelligence. Alors pouvez vous m'informer sur votre niveau; votre détermination et quelques astuces sur les cours et les livres à livre ? Je vous remercie d'avance |
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Bo7
Anaximandre
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Sam 24 Jan - 2:10 | |
| Bonjour Je vais rentrer en fac de geo Quel livre vous me conseiller svp ??
Merci bcp |
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karel tchountang
Anaximandre
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? Mer 11 Fév - 17:32 | |
| LA GÉOGRAPHIE EST AU CARREFOUR DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DE PART SON OBJET, SES OUTILS ET VOIRE SA DÉMARCHE. C'EST UNE SCIENCE TRANSDISCIPLINAIRE, MULTIDISCIPLINAIRE ET MÊME PLURIDISCIPLINAIRE.
11.02.2015 |
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| Sujet: Re: Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? | |
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| | | | Débat des mois de décembre 2012 : Quelle place pour la géographie au sein des Sciences Humaines ? | |
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