Photographie prise en novembre 2011





Entre Coutances et Vire, dans la Manche, au bord d’un
vallon verdoyant arrosé par la Sienne, l’abbaye d’Hambye, fondée au XIIe siècle
par Guillaume Paisnel, seigneur local, a accueilli des moines
bénédictins dès le XIIe siècle. Elle connut une grande prospérité aux XIIIe et
XIVe siècles, les donations ayant afflué : rentes, dîmes, terres et droits, églises avec leurs revenus, ainsi que des possessions en Angleterre. Les grands seigneurs locaux par leurs dons y contribuèrent : les évêques d'Avranches et de Coutances, Henri II, roi d'Angleterre, Aliénor, comtesse de Salisbury. Les papes Alexandre III, Grégoire X et Clément VI appuyèrent aussi l'abbaye par leurs actes de confirmation pontificaux.

À la Révolution, elle n’était plus habitée. L’église de l’abbaye
d’Hambye est vendue en 1810 comme carrière de pierre et l’abbaye est divisée en
deux fermes...
Au début du XXème siècle, elle devient monument historique (1925 pour les monuments conventuels), des fouilles débutent dès 1933, avec le concours gratieux de la population.

Dans ce cadre paysager protégé, l’endroit, s'il incite au recueillement, est encore peu valorisé par les circuits touristiques, car il souffre d'enclavement, éloigné des grandes dessertes routières. Des expositions incitent pourtant à la découverte de son riche passé, une association locale, créée en 1932 par le chanoine Niobey, la Société des Amis de l'abbaye d'Hambye, continue de publier un bulletin annuel.

Un intérêt historique certain ! Mais l'intérêt géographique ?

Montrer comment un intérêt historique de premier ordre ne peut stimuler une activité économique conséquente : le tourisme, seule activité d'envergure potentielle.
Elle ne peut en effet se développer malgré des efforts locaux (association patrimoniale par exemple, expositions, circuits touristiques) du fait de la polarisation des grands flux touristiques vers le Mont Saint-Michel alors qu'un axe majeur est proche : la route des estuaires (Caen - Rennes), une quatre voies à vitesse autoroutière autorisée.
Un maillage de l'attrait touristique est bien tenté par les édiles départementaux et régionaux mais des dessertes locales très incommodes pour les autocars, une signalétique trop discrète autant que le différentiel de renommée du Mont avec les autres sites religieux normands pénalisent ces nombreux sites patrimoniaux pourtant de qualité (les anciennes abbayes de Lucerne, de Montmorel par exemple).
La géographie peut aussi gagner à signifier le décalage entre potentialités et réalité...