Bonsoir,

J'ai vu il y a quelque temps un documentaire sur l'Angkor Vot au Cambodge (dans la lignée de ceux sur les Khmers Rouges, S-21, etc.), celui-ci s'intéressait à son inscription au patrimoine mondiale de l'UNESCO en1992.

Mais le plus intéressant résidait dans les effets de la valorisation de ce site. En effet, elle a eut pour conséquence la multiplication des infrastructures touristiques autour du temple : hôtels, restaurants, etc. Or, ces installations n'ont rien de concordant avec le reste du paysage, dans leur architecture par exemple. Ce sont des bâtiments érigés à la hâte dans le but de multiplier les profits grâce au tourisme et ainsi d'améliorer une économie ruinée par quatre années de polpotisme et un génocide. Ainsi, il en résulte de nombreux accidents, tels que l'effondrement des infrastructures, l'entassement des ordures...

Bref, l'inscription au patrimoine mondiale : échec ou réussite économique, culturelle ? La valorisation du patromoine peut-elle avoir des effets pervers ? Y-a-t-il d'autres exemples de tels effets ?

Merci.

Le patrimoine du Combodge, autant culturel que naturel, est tout à fait grandiose. Ne pas inscrire certains des lieux les plus importants pour ce peuple serait de toute façon une grave erreur voire un manque formel de reconnaissance. J'ai vu le documentaire S-21 machine de guerre et, comme en Europe, ce genre de camps doivent être le témoin d'une histoire contemporaire malheureusement riche.

En ce qui concerne Angkor, je pense que c'est tout simplement le berceau de la civilisation d'Asie du sud-est. Et donc il me paraît tout à fait juste d'ajouter, sans même discuter des conséquences que cela pourrait entrainer, ce lieu tout à fait magique et riche en histoire. Il faut savoir que le Cambodge et la Thailande rivalisent pour acquérir ces sanctuaires frontaliers. Et c'est bien entendu une des conséquences directes de la reconnaissance mondiale et de l'inscription de ce lieu au patrimoine mondial de l'unesco. Je veux dire par là que cela entraîne des investissements dans le domaine du tourisme et dans tout ce qui le facilite. Alors c'est vrai que, comme nous pouvons le voire à Gizeh pour de toutes autres raisons - démographiques cette fois -, cela entraine un changement radical du mode de vie des autochtones, la constructions de grands ensembles d'infrastructures que ce soit pour accueillir les touristes ou leur faciliter l'accès au site. Et comme toujours il y a des débordements, des traffiques fonciers et tout ce qui va avec. Et c'est pour cette raison qu'autour du site d'Angkor Wat on trouve des résidences privées à deux pas. Mais il ne faut pas toujours s'accorder à ne voir que les aspects négatifs. Outre cette ingérence, car evidemment le Cambodge est novice en la matière, il faut voir la reconnaissance de l'histoire, de la culture et de l'état d'esprit de tout un peuple qui grâce à des lieux comme ceux pré-sités acquérent fierté et travail bien entendu. Alors le débat pourrait faire rage encore et encore car nous ne sommes qu'au début de l'ère du tourisme de masse au Cambodge et on devrait, et je parle sans avoir été sur les lieux, retrouver au fil du temps les problèmes que connaissent d'autres grands sites. Je pense que c'est avant tout la nature même de ce lieu - son étendue - qui pourrait poser un problème de contrôle sur des touristes qui parfois et il faut l'admettre trahissent consciemment ou inconsciemment les moeurs locaux. Après je ne sais pas si la balance entre les aspects négatifs et positifs de la reconnaissance universelle de ces lieux penche plutôt dans le bon ou dans le mauvais sens. Mais la nature elle-même semble faire bien plus de dégats à Angkor que les millions de touristes qui foulent son sol : je veux parler des fromagers. (cf photo)

Installation de propriétés privées le long des monuments.







Les fromagers : derniers gardiens des lieux.

Salut,J'ai remarqué que la plupart des gens qui vivent dans un site classé par l'UNESCO ne sont pas même pas au courant !! Pire, les personnes qui travaillent sur ces sites classés sont également très peu informées ! 

Il faut savoir que chaque état qui dépose une demande auprès de l’UNESCO pour faire classer un site doit proposer un plan de gestion pour en assurer la conservation, il est très rarement question de campagne de communication !! Sur plus de 800 sites figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, il ya bien sûr des « exceptions » : on peut citer Venise ou le site d’Abou Simbel, qui ont une reconnaissance mondiale !

Il faudrait que les populations qui vivent dans ces sites classés se rendent compte qu'il s’agit de bien inestimable que l'on va léguer aux générations futures, mais le profit à court terme a souvent le dernier mot !!

Oui Sorcère, la question mérite d'être posée pour ce qui concerne le bilan à attendre d'une classification d'un site au patrimoine de L'UNESCO, et ce qui est valable dans un pays en voie de développement peut être tout autre dans un pays OCDE... comme aurait dit Candide; et la problématique est sans doute le bilan de l'impact de la "tourification" engendrée et de l'éventuel avantage en terme d'investissements d'aubaine en infra et super structures...
Reste, comme en parle Voodoman, la question des plans de gestion pour la conservation du patrimoine, mais sans doute concernant un périmètre assez restreint, donc peu protecteur pour la ville ou l'agglomération urbaine siège de la curiosité inscrite; d'où peut être l'utilité d'un cahier des charges à la sauce développement durable pour un territoire assez vaste, et ayant une autorité politique...
Pour ce qui concerne ma ville, Bordeaux, l'espoir suscité par son inscription a été déçu, un projet de méga infrastructure routière qui menaçait cette inscription précisément, a abouti quand même...