En l’an 2000, plus de 750 millions de personnes souffrent de malnutrition alors que la disponibilité alimentaire mondiale est supérieure à 2700 calories par jour et par personne : ce paradoxe nous conduit à nous interroger sur la malnutrition et les systèmes agricoles dans le monde. Cette malnutrition massive est la conséquence d’une alimentation déséquilibrée, et elle prend surtout la forme d’une sous-nutrition, c’est-à-dire d’un manque en quantité et en qualité de nourriture. Elle est la cause de maladies et empêche la croissance normale des enfants. Pourtant, il existe un nombre très important de systèmes agricoles dans le monde, c’est-à-dire d’organisations d’acteurs géographiques dont le but est de produire des aliments. Les acteurs, comme les agriculteurs, l’État ou les entreprises agroalimentaires, sont très variés ainsi que les formes spatiales et l’efficacité que peuvent prendre ces systèmes. Quels sont les liens entre la malnutrition et les systèmes agricoles ? Nous nous interrogerons dans une première partie pour savoir si la malnutrition tire toujours son origine des difficultés d’un système agricole, puis dans une deuxième partie nous réfléchirons sur l’utilisation de systèmes agricoles modernes pour lutter contre la malnutrition.







Le premier lien que nous allons interroger entre malnutrition et systèmes agricoles est de savoir si la malnutrition a toujours pour cause un système agricole défaillant. Nous verrons que si les difficultés du système agricole traditionnel africain peuvent être la cause de malnutrition, la famine est de moins en moins le résultat de la défaillance d’un système agricole.

Certains systèmes agricoles, notamment les systèmes agricoles traditionnels peuvent être la cause de malnutrition. C’est le cas de l’essart, le système agricole traditionnel de l’Afrique centrale. Il consiste en l’utilisation du brûlis pour fertiliser les sols. Des espaces de forêt ou de savane sont brûlés afin de fournir un engrais naturel avec les cendres. Au bout de quelques années, il est indispensable de recommencer l’opération et tous les trente ans, le village doit se déplacer. On le voit, ce système agricole est peu productif et nécessite une grande quantité d’espace. Il ne peut donc pas répondre à la récente croissance de la population africaine, ce qui conduit parfois à des situations de malnutrition. Cependant certaines situations de famines ont des causes qui ne sont pas toujours agricoles.

La famine traditionnelle avait des origines naturelles, et notamment climatiques, mais actuellement, les famines ont d’autres causes. Ainsi au Libéria, en 1996, le général rebelle Johnson a organisé la famine de plus de quarante mille personne afin de les soumettre par la terreur et de capter l’aide internationale envoyée pour soutenir les populations. Cela nous montre que la malnutrition n’est pas systématiquement le résultat d’une défaillance de l’agriculture, mais plutôt le résultat d’un choix politique.

La malnutrition trouve donc seulement une partie de ses sources dans le dysfonctionnement de systèmes agricoles traditionnels incapable de nourrir leur population, car elle aussi des causes politique. Cependant, loin d’être toujours une cause de la malnutrition, les systèmes agricoles sont surtout le moyen de la faire disparaître.

En effet, le second lien qui relie la malnutrition et les systèmes agricoles est que ces derniers sont le moyen le plus efficace de la combattre. Pour montrer cela nous utiliserons le cas de l’agriculture céréalière moderne et la politique de révolution verte en Inde.

Les systèmes agricoles modernes sont un moyen pour empêcher la malnutrition. Dans le Bassin parisien s’est développé depuis les années 1950 une céréaliculture particulièrement efficace. Elle se base sur l’utilisation massive de moyens mécaniques comme des moissonneuses batteuses ou des tracteurs, d’engrais, de pesticide et de semences sélectionnées. Ce système agricole tire sa puissance de son intégration à des industries amonts produisant l’ensemble des ses moyens de production et à une industrie avale commercialisant le blé, comme des meuniers, ainsi qu’au soutien massif de l’État et de l’Union européenne. Cela montre qu’un système agricole peut devenir tellement productiviste qu’il est capable de produire assez de nourriture pour nourrir l’ensemble des hommes, et faire reculer la malnutrition. Cependant, les productivités élevées ne sont pas le monopole des pays développés, elles peuvent exister aussi dans les pays en développement.

Les systèmes agricoles traditionnels des pays en développement peuvent évoluer afin de réduire la malnutrition. Ainsi, l’Inde a connu dans les années 1960 de graves problèmes de famine et a été obligée d’importer des produits alimentaires de l’étranger. Afin de lutter contre cette dépendance alimentaire et pour assurer les besoins de son peuple, l’État a mis en place une politique de révolution verte consistant à subventionner les agriculteurs les plus riches pour leur permettre d’acheter des machines, des engrais, des pesticides et de semences spécialisées. Cette politique a été une réussite puisque l’Inde est devenue exportatrice de nombreux produits agricoles. Cela nous montre que la malnutrition n’est pas une fatalité dans les pays en voie de développement, à condition que l’État soutienne activement la création d’une agriculture productiviste.

La modernisation des systèmes agricoles avec le soutien actif de l’Etat est donc le meilleur moyen pour lutter contre les situations de malnutrition.











La malnutrition trouve de moins en moins ses origines dans les défaillances d’un système agricole traditionnel, mais au contraire est de plus en plus causée par l’action d’un Etat criminel, cependant la modernisation des systèmes agricoles dans les pays développés ou en voie de développement avec le soutien de l’État permet d’écarter les risques de malnutrition dans le futur. La malnutrition est donc peu liée directement au fonctionnement des systèmes agricoles, mais plutôt à l’action responsable des États. C’est donc du rôle de ces acteurs géographiques fondamentaux que va dépendre l’évolution prochaine de la malnutrition et des systèmes agricoles.

Sujet d'actualité pour les concours, mais diablement intéressant; en cours de dépiautage de l'ouvrage "systèmes et espaces agricoles dans le monde" de Robert Chapuis, A Colin, je réserve pour un peu plus tard ma réflexion, voulant "m'imbiber" d'un point de vue de géographe, et surtout réactualiser l'info avec les données FAO disponibles...

Et l'occident dans tout ca? d'une part le soutien a certaines fripouille, d'autre par notre consommation de produits alimentaires en provenance de ces pays qui développent une agriculture d'exportation plutot que vivrière? Et la mascarade des biocarburants, des bioplastiques , des bio ceci, des bio cela qui consomme des SAU pour le consumérisme occcidental?

quant au pamphlet sur le productivisme... c'est étrange comment des géographes peuvent parler à la fois de développement durable et de productivisme intensif. La schizophrénie n'est pas loin.

Elle a un gueule de bois, la modernisation agricole en Bretagne, abattage des haies, pollution des sols, investissements massifs... pour revenir en arriere 20 ans apres.

oui Thibault, j'ai vu ton plan en 2 parties, sur le sujet "malnutrition et syst agri SA":
- les SA traditionnels à productivité faible
- la "révolution verte" à l'origine de gains de productivité pour l'OCDE comme pour les pays émergents

comme tu peux l'imaginer, mono maniaquerie aidant, j'aurais fait un plan inspiré DD:

- les SA et les gains de productivité apportés par l'agronomie productiviste
- s part 1 démarrage précoce OCDE
- s part 2 pays émergents: récupération ou situation out
- l'écart de taux de croissance entre la productivité des SA et la démographie
- s part 1 historique des révolutions agronomiques successives, OGM compris: remède aux famines...
- s part 2 menaces de l'érosion des sols + chute de leur part humique + exigences nouvelles du consommateur mondial sur la présence de résidus chimiques: remise en cause des choix agro...

C'est pas mon plan^^

Revoyant le plan de l'ouvrage de Chapuis me vient à l'esprit le plan suivant:


I Evolution récente des SA


- s part 1 historique des révolutions agronomiques successives, OGM compris: remède aux famines...

Les SA et les gains de productivité apportés par l'agronomie productiviste
- démarrage précoce OCDE
- pays émergents: récupération ou situation out


- s part 2 historique de l’évolution des marchés :



- le pilotage du marché par l’amont : politiques publiques volontaristes (pays émergents et en transition dans les années 1970, mais aussi l’Europe au sortir de la 2GM)

- le pilotage du marché par l’aval : le consommateur modelant de SA en fonction de ses attentes (zone OCDE actuellement, mais avec en plus Chine et Inde à terme en cas de rattrapage du niveau de vie ?)

II Problématiques actuelles

- s part 1 l'écart de taux de croissance entre la productivité des SA et la démographie : l’évolution récente, les projections. La solution techniciste de la énième révolution verte ou une organisation plus rationnelle du système socioculturel ?

- s part 2 menaces de l'érosion des sols + chute de leur part humique + exigences nouvelles du consommateur mondial sur la présence de résidus chimiques: remise en cause des choix agro... La répartition des espaces « agro-géo-durables » : bilan actuel, tendances…