En 2007, 50 % de la population mondiale est urbaine. Même s'il est difficile de comparer les taux d'urbanisation d'un pays à l'autre (les définitions retenues par les pays pour définir la ville n'étant pas les mêmes), il est indéniable que l'urbanisation se poursuit à l'échelle du monde. Avec comme conséquence, une rupture sociétale très forte : le mode de vie rural devient minoritaire à l'échelle du monde. Et des défis pour les villes face à cet afflux de populations rurales dans des villes qui ont parfois beaucoup de difficultés à y faire face : taudification des périphéries, paupérisation de certaines zones centrales délaissées... et ce dans toutes les villes du monde (ghettoïsation de certains quartiers centraux dans les villes nord-américaines, étalement des bidonvilles dans les périphéries des villes africaines, étalement des favelas dans des zones insalubres ou des zones exposées aux risques - risques sismiques, inondations, risques industriels... - dans les villes sud-américaines, ETC.)


Beaucoup de géographes travaillent aujourd'hui sur le rapport entre la ville et la mondialisation. Avec plusieurs problématiques qui peuvent lancer ce débat :

- une croissance urbaine généralisée à l'échelle planétaire, mais inégale
- l'explosion urbaine des "Suds" et les défis des déséquilibres territoriaux (à l'échelle du pays, et à l'échelle des quartiers de la ville)
- la recomposition des villes du "Nord" (périurbanisation, crise urbaine)
- villes et intégration dans la mondialisation (villes globales, villes mondiales, archipel mégapolitain mondial...)

Je ne comprends pas pourquoi en parle d'urbanisation à échelle mondiale alors que sa définition varie déjà à échelle régionale... A quand des critères stables (200hab pour la Finlande--->30 000 pour l'indonésie) et uniformes? Est-ce réellement représentatif de parler de villes à partir DE 30000 habitants à Java? 29000 habitants c'est un gros hameau? En effet, c'est l'un des pays les plus densément peuplé...
Toujours est-il que je trouve cela intéressant en soi, surtout aujourd'hui avec l'explosion de la géographie des représentations. Cela montre combien il est difficile de tout définir d'un seul point de vue....c'est impossible à court terme.

Je vous propose d'ailleurs mon dernier achat : Atlas du monde global par Pascal Boniface et Hubert Védrine aux éditions Armand Colin/Fayard. C'est 18euros de pur bonheur avec enfin la vision du monde par les différents acteurs de ce dernier (Le monde vu par l'Iran, la Turquie, les E-U...)

Bien sûr, on ne peut pas comparer les différents taux d'urbanisation dans les pays qui prennent en comptent des définitions très différentes de ce qu'est "la ville". Mais ce taux d'urbanisation à l'échelle mondiale permet quand même de remarquer qu'à cette échelle le taux d'urbanisation augmente progressivement (les pays ne changent pas tous les ans leur définition de la ville, on peut au moins remarquer ainsi cette progression), créant par-là de nombreux défis et une réelle rupture sociétale (plus d'urbains que de ruraux, un phénomène nouveau à l'échelle mondiale)

Ah oui en effet, donc une ville de 29000 habitants en Indonésie n'est pas comprise dans les 50% d'urbains (à échelle mondiale)?

Non, pas dans ce genre de calcul qui prennent en compte les chiffres fournis par les pays eux-mêmes. D'où le fait que l'on puisse vraiment réfléchir sur ce changement dans la société avec de nombreux pays qui passent d'une société majoritairement rurale à une société majoritairement urbaine.

D'ailleurs, la question des chiffres relativisent la définition d'une ville à partir du seul critère démographique. Ce qui fait la ville, ne serait-ce pas plutôt ce mode de vie urbain plutôt qu'une démographie ou une densité ?

Toujours est-il que l'urbanisation s'est accélérée, à l'échelle mondiale, depuis les années 1950, avec un taux d'urbanisation proche de 15 % en 1900, et dépassant les 50 % en 2007 (si ces chiffres sont relatifs à l'échelle mondiale, ils montrent bien une fulgurante accélération de l'urbanisation à l'échelle mondiale, chaque pays ayant à peu près gardé la même définition chiffrée de la ville dans son pays).

Mais ces chiffres cachent également une croissance urbaine inégale à l'échelle des continents. L'Asie et l'Afrique ont été les continents les plus touchés par un exode rural massif, et ainsi une dééruralisation de leurs sociétés. La ville, qui apparaît comme le lieu de tous les possibles pour des populations rurales désoeuvrées (en raison des rigidités des structures agraires, de l'abondon de terres marginales, des crises agricoles...). Mais la ville ne sait pas toujours gérer cet afflux de populations.

La mondialisation : une chance ou un risque pour la ville ?

Bénédicte Tratnjek a écrit:

La mondialisation : une chance ou un risque pour la ville ?

Comme souvent en géographie et plus généralement en science humaine la réponse ne peut être arretée de façon définitive.
La mondialisation joue incontestablement un effet bénéfique pour la ville notammment dans les pays en voie de développement: économique, industrielle...
Mais cela implique bien évidemment des enjeux sociaux de plus en plus difficiles à gérer, avec par exemple des disparités de niveau social entre les quartiers (bien que la mixité social soit une réelle utopie).

Ex de Brasilia: ville crée dans les 60's, qui avait notamment pour vocation d' éviter ces inégalités sociales en essayant de n' avoir que des classes moyennes ou supérieur, alors qu' aujourd' hui la moitié de sa population vies aux périphéries, dans ce qui est assimilés à des bidonvilles, reproduisant ainsi les inégalités sociales du pays.

-Conf le graphique montrant l' évolution du niveau de vie des pays en voie de développment. (j' ai oublié le nom de ce schéma, si quelqu' un se rapelle de ce nom, si vous voyez bien sûr de quoi je veux parler!!! )

La question était volontairement "provocatrice" pour lancer le débat.

Un autre exemple, un "classique" : le cas de New-York, ville globale ?

La réponse ne peut être donnée en un seul temps. Bien évidemment, New York est parfaitement intégrée au système-Monde, mais le New York intégré n'est en réalité qu'une partie de New York. Dans cette réflexion sur la mondialisation, le jeu d'échelles est primordial (et le géographe a beaucoup a apporté !).

La pointe Sud de New York est bien évidemment très dynamique : un CBD totalement intégré au système-Monde, avec sa bourse, ses sièges sociaux, le sièges de hautes instances internationales... Les quartiers "huppés" du Sud de Manhattan également, à travers leur intégration à la culture mondiale (musées, exposions...). Mais le reste de New York ne participe pas de cette dynamique. D'une part : les ghettos (Harlem pour le plus célèbre) sont totalement déconnectés de la ville, sorte de marges sociales en plein centre de la ville. D'autre part, les périphéries, les banlieues, qui se caractérisent par leur étalement urbain horizontal. Dans ces banlieues, se réorganisent des "mini-centres" autour des edge cities (centre d'affaires périphériques) et des malls (grands centres commerciaux périphériques). La banlieue, si elle ne présente pas d'importants problèmes sociaux tels que l'on peut en trouver dans les ghettos, n'en est pas pour autant intégrée au système-Monde.

Les villes se reconstruisent en permanence sur elles-mêmes. Et la mondialisation joue un rôle particulier dans les recompositions de l'espace urbain.

Bénédicte Tratnjek a écrit:

La question était volontairement "provocatrice" pour lancer le débat.

Un autre exemple, un "classique" : le cas de New-York, ville globale ?

La réponse ne peut être donnée en un seul temps. Bien évidemment, New York est parfaitement intégrée au système-Monde, mais le New York intégré n'est en réalité qu'une partie de New York. Dans cette réflexion sur la mondialisation, le jeu d'échelles est primordial (et le géographe a beaucoup a apporté !).

La pointe Sud de New York est bien évidemment très dynamique : un CBD totalement intégré au système-Monde, avec sa bourse, ses sièges sociaux, le sièges de hautes instances internationales... Les quartiers "huppés" du Sud de Manhattan également, à travers leur intégration à la culture mondiale (musées, exposions...). Mais le reste de New York ne participe pas de cette dynamique. D'une part : les ghettos (Harlem pour le plus célèbre) sont totalement déconnectés de la ville, sorte de marges sociales en plein centre de la ville. D'autre part, les périphéries, les banlieues, qui se caractérisent par leur étalement urbain horizontal. Dans ces banlieues, se réorganisent des "mini-centres" autour des edge cities (centre d'affaires périphériques) et des malls (grands centres commerciaux périphériques). La banlieue, si elle ne présente pas d'importants problèmes sociaux tels que l'on peut en trouver dans les ghettos, n'en est pas pour autant intégrée au système-Monde.

Les villes se reconstruisent en permanence sur elles-mêmes. Et la mondialisation joue un rôle particulier dans les recompositions de l'espace urbain.

Pour Harlem je tenais juste à dire que ce quartier est en complète restructuration, réorganisation de l'espace, démolition et reconstruction finissent par payer. Le cas de N-Y est très intéressant car il montre une ville dont un des quartiers est le plus dynamique au monde (ouest Manhattan) et qui commence à s'étendre seulement aujourd'hui. Ce dynamisme est en train de conquérir Harlem mais participe également à la fin d'une histoire, celle du gospel et de biens d'autres choses. La mondialisation peut donc améliorer un quartier (je change d'échelle) par de meilleures voies de communications, un réaménagement des cités vétustes...etc.... Mais elle participe dans le même temps à détruire les héritages positifs et historiquement assimilés à l'endroit en question.


Pleins de projets :


Un hôtel 5 *

Des immeubles commerciaux hightechs


Un quartier commercial et industriel encore sous forme vecteur


Une volonté de garder (tout de même) le pont de Manhattan.

Voilà la nouvelle politique d'aménagement de Bloomberg

Puisque tu parles des Etats Unis, ça me fait penser que mon resonsable de licence aménagement ( David Giband) a beaucoup travaillé dessus:

-La géographie sociale abordée sous le domaine sociale et aborde notamment la notion de ghéttos (Complet et très intéressant!!).