La nudité est-elle un sujet/objet géographique

Voilà! Certains s'en sont douté je vous propose de réfléchir sur la nudité comme sujet, comme objet géographique. Où s'arrêtera donc la Géographie?

Je vous mets des documents pour que tout le monde puisse participer au débat. Vous n'êtes évidemment pas obligés de les lire si vous vous sentez assez à l'aise sur ce sujet.


Bon débat!

Alors moi je ne suis décidément pas géographe, parce que j'ai beau avoir lu tous les documents du corpus en long et en large, je n'arrive toujours pas à voir la nudité comme un sujet géographique. Pour moi ça reste bêtement sociologique... Et je ne dois pas être la seule parce que j'attend désespérément que quelqu'un s'exprime sur ce sujet pour pouvoir avoir un début de piste mais rien...

Il y a eu un début dans le sujet sur les objets géographiques.

Pour ma part je n'ai pas encore pris le temps de lire les documents, mais c'est comme pour tout, ça dépend de l'approche que l'on fait du nu : dynamiques spatiales, enjeux qui se jouent sur l'espace (espaces du regard, espaces intimes...), etc me semblent être mobilisables dans certaines analyses du nu.

J'ai des dossiers à rendre jusqu'a jeudi, après quoi ma tête sera plus dispo pour faire quelques recherches a ce sujet.

Piste de réflexion : http://www.unige.ch/ses/geo/collaborateurs/publicationsJFS/DanseExotique_DanseErotique.pdf article de JF Staszak sur l'érotisme. On n'est pas si loin du nu.

Est-ce qu'au fond ce qui fait peur c'est la prédominance du terme sociologique : la nudité, la sexualité? Je ne sais pas. Pour être franc il me semble que Mme Barthe-Deloisy prend prétexte de la spatialisation pour faire de la sociologie ou pour être originale : au choix. Ce n'est pas comme cela que la discipline avancera.

Rappelez-vous les travaux sur "les représentations cognitives de l'espace" qui fleurissaient dans les années 70. De telles avancées pour presque rien... La carte mentale et heuristique de Tony buzan et transformée en "espace vécu" par Armand Frémont, la géographie onirique de Julien Gracq, la performance des nouveaux outils des géographes (S.I.G, télédétection...)... Tout ça pour en arriver à une approche géographique de la nudité qui n'a de géographique que le lieu (hammam, plages, stades...).
Je sais qu'il y a beaucoup d'adeptes de cette géographie culturelle qui veut privilégier l'homme au point de faire disparaître d'une pierre "X" coups : l'espace, le temps, le sensoriel et le sensible. Le pire serait de ne pas s'en apercevoir. Mon esprit est trop fermé diront certains.

Mais c'est intéressant de se poser la question : suis-je à côté de la plaque ? Pourquoi ai-je choisi de faire de la géographie à défaut de pouvoir la définir ? C'est ce qu'il y a d'intéressant dans ce livre : montrer les limites d'une réflexion unique sur les pratiques humaines. C'est de montrer qu'au fond, on est dans une impasse et que le seul moyen d'en sortir est de pousser le bouchon toujours plus loin. Je serais sociologue je commencerais à montrer des signes agacés, significatifs entre-autres d'une possessivité exacerbée envers "ma" matière. Au bout, il y aura un mur et c'est à son pied qu'on finit toujours par le remarquer.

Moi, ça m'arrange vraiment que tout le monde soit enthousiasmé par cette pseudo géographie. Ca me laisse du temps pour perfectionner mon idée, ma synthèse, ma réflexion d'ensemble sur la matière, mon but : ma thèse. Un jour ou l'autre, A. Frémont deviendra le Reclus d'aujourd'hui : apprécié, ignoré, retrouvé.

Si on devait faire l'allégorie de chacune des matières "dures" ou "molles" - selon les mauvaises habitudes d'expression -, qu'elles seraient maintenant des arbres représentatifs - par leur taille et leurs branchages - de l'idée de foisonnement, d'étoffement : la géographie serait le plus majestueux. Mais un jour il faudra penser à le tailler...

non mais en France, une majorité de géographe pense comme toi, t'inquiete, tu n'es pas le génie incompris que tu as l'air de décrire.

ça me rassure. Et toi, donc, tu t'obstines?

Tu sais je reste dans l'optique du débat. Je peux paraître très incisif mais je ne demande qu'une chose : du dialogue. Faire des remarques ne fait pas avancer le schmilblick, j'attends des réflexions.
Après tout cette géographie du nu peu avoir plus d'intérêts que je le pense, comme la géographie du sport permet d'analyser les particularités spatiales d'un Etat, d'une nation etc. J'attends donc.

Je pense en effet que chercher à voir du géographique dans la nudité c'est chercher à être original. Parce qu'au fond on peut être nu n'importe où, il suffit d'avoir l'endroit où l'être...
À part en pleine rue où dans d'autres endroits où la décence veut qu'on porte des vêtements, la nudité n'est pas un "problème". Je veux dire par là qu'il n'y a pas de logique géographique à la nudité, il y en a une sociologique au contraire.

Et Régis, sans vouloir t'offenser, je te trouve bien arrogant pour quelqu'un qui n'a pas donné son avis.

pas donné mon avis? tu lis pourtant le reste du forum. Faut il tout recommencer depuis le début à chaque discussion?

Etant un mec qui poste un pavé sur la position des genres dans la demande en mariage, je pense que mon avis est clair. J'ai pas l'impression d'avoir balayé l'espace, ni le "sensible" pour autant.

Le nu est un comportement, une pratique. Il a ses lieux, ses frontières, ses représentations. comme le foot ou le curling. Je vois pas la différence que tu fais Thibault.

Ah ok... Donc vu que tu postes dans d'autres parties du forum, tu peux te permettre d'intervenir dans un débat auquel tu ne prends pas part... Je comprend mieux. Le seul truc c'est que je ne vois pas en quoi ça fait avancer le débat du coup, mais bon... chacun a ses limites... Je pensais juste que pour d'autres personnes qui auraient voulu participer, le fait que chacun résume clairement ce qu'il pense aurait pu être bénéfique. Si on est obligé d'aller voir tous les posts de tout le monde pour arriver à comprendre pourquoi telle personne fait telle réflexion à tel endroit, ça devient vite compliqué, non? Le problème - et je sais que c'est pas le lieu, mais tant pis faut que ça sorte - c'est qu'avec toi Régis, on sait jamais si t'es dans le deuxième degré ou si t'es vraiment arrogant, et c'est vrai que des fois j'ai tendance à ne pas comprendre où tu veux en venir, et ne pas savoir où les gens veulent en venir, ça m'agace.

je suis sarcastique. Voila ma position.

Voilà, c'est toujours bon à savoir.

Pas plus arrogant que Thibault qui prétend révolutionner la géo dans sa thèse

Tant qu'il y a des relations sociales qui posent question, je ne vois pas pourquoi les géographes n'auraient pas le droit de s'y intéresser.
Le nu n'est pas du tout une question qui me passionne, mais elle m'intéresse déjà bien plus que les ouvrages de ce cher Elisée Reclus, colonialiste et ethnocentriste à ses heures.

Je ne vois pas pourquoi tout ce qui touche au corps fait horreur en France, alors que dans les pays anglo-saxons, on a beaucoup plus compris les intérêts de la notion de performativité par exemple, clairement liée au corps à la base. D'ailleurs un de ces 4 je vais faire un topic dessus, tiens.

La géographie, étude des rapports de l'homme à son espace, peut tout à fait voir dans la question du nu un rapport particulier à l'espace, autant que dans toute autre pratique sociale (le foot, les transports, le travail...).

Je l'écrirai nu en pensant à vous! :p

Thibault Renard a écrit:

Faire des remarques ne fait pas avancer le schmilblick, j'attends des réflexions.

J'ai déjà réfléchis moi...

Bon vous m'excuserez, mais je repars sur le sujet moi. J'aime bien les digressions d'habitude, mais là non.
Donc je pense qu'en prenant le problème autrement, évidemment ça devient plus clair (et avec une petite nuit de sommeil aussi). Si on ne prend pas la nudité en général, ce qui est plus sociologique que géographique, mais qu'on analyse la nudité dans tel ou tel espace, alors ça devient déjà un peu plus "géographique" à mon sens. Par exemple la répartition des corps dans un hammam, ou dans un vestiaire de foot... Je sais que certains d'entre vous n'aiment pas le foot, mais je suis persuadée que si on analysait la répartition des joueurs dans le vestiaire et les interactions entre eux, on pourrait à coup sur trouver une explication au fait que les bleus ne sont pas, à proprement parler, une "équipe" au sens humain du terme. Comme l'a souligné Bache, les pays anglo-saxons, qui n'ont pas la même relation à leur corps que les français, comprendrons plus vite la nécessité de former une équipe et ne se comporteront forcément pas de la même façon dans le vestiaire. C'est un peu tiré par les cheveux mais c'est une question qui me taraude depuis un moment, alors...

Oui tout à fait ! (enfin sauf sur la formation plus naturelle des équipes chez les anglo-saxons, là je ne suis plus trop ^^)

Il est clair qu'il y a des espaces de l'intime et des espaces de "l'extime" comme JFS le dit. Ce qui veut dire que les espaces sont normés. dans certains, le nu passe très bien, dans d'autres non.

La rando-nue par exemple outrepasse ces règles de l'espace, d'où le fait qu'elle soit souvent considérée comme un délit.

Mais certains espaces supportent bien le semi-nu : voir le sein-nu ou le port de strings sur la plage.

bache a écrit:

(enfin sauf sur la formation plus naturelle des équipes chez les anglo-saxons, là je ne suis plus trop ^^).

J'avais prévenu que c'était tiré par les cheveux...
Non en fait je crois que les anglo-saxons n'ont pas le même rapport à leur corps que les français. Et là on retombe dans le socio, mais les français ont cette gêne de la proximité avec l'autre que n'ont pas les anglo-saxons ou d'autres peuples. Toucher le corps de l'autre en France c'est tabou. Rien que la bise, qui fait fantasmer le reste du monde, est un exemple du "on ne touche pas". Finalement on ne fait qu'approcher sa joue d'une autre joue et le tour est joué, alors que les britanniques, et les américains surtout, vont se prendre dans leurs bras. C'est tout le corps qui est en contact avec l'autre, et pas seulement une partie du visage.
Pour reparler du foot, avant quand un but était marqué, les autres joueurs de l'équipe sautaient littéralement sur le celui qui avait marqué. Quand a-t-on vu pour la dernière fois de tels "débordements" dans l'équipe de France? Maintenant c'est une tape sur la tête ou sur l'épaule et on est reparti... D'où mon idée sur la répartition différente des joueurs dans le vestiaire.

Anne L a écrit:

Pour reparler du foot, avant quand un but était marqué, les autres joueurs de l'équipe sautaient littéralement sur le celui qui avait marqué. Quand a-t-on vu pour la dernière fois de tels "débordements" dans l'équipe de France? Maintenant c'est une tape sur la tête ou sur l'épaule et on est reparti... D'où mon idée sur la répartition différente des joueurs dans le vestiaire.

Mais nous sommes alors en pleine sociologie, je ne vois pas, sans vouloir vous offenser, ce qu'il y a de "géographique" là-dedans.
Sur ce que vous dites, c'est vrai, et il y a pire : on voit de plus en plus de joueurs qui, à la suite d'un but inscrit, évitent leurs coéquipiers... Le foot, un sport collectif ? Voilà un débat intéressant... de socio !

Oui j'avoue que mon dernier post est plus sociologique que géographique. Mais comme je l'ai dit j'ai moi aussi beaucoup de mal à voir du géographique dans le sujet du débat, c'est pour cela que j'essaie de le cantonner à des lieux spécifiques plutôt que de le prendre globalement. La nudité en elle-même ne peut pas être un sujet géographique, puisque c'est bien la société qui impose les règles de la décence et en fait donc un sujet sociologique.

Barak Obamo a écrit:

Anne L a écrit:

Pour reparler du foot, avant quand un but était marqué, les autres joueurs de l'équipe sautaient littéralement sur le celui qui avait marqué. Quand a-t-on vu pour la dernière fois de tels "débordements" dans l'équipe de France? Maintenant c'est une tape sur la tête ou sur l'épaule et on est reparti... D'où mon idée sur la répartition différente des joueurs dans le vestiaire.

Mais nous sommes alors en pleine sociologie, je ne vois pas, sans vouloir vous offenser, ce qu'il y a de "géographique" là-dedans.
Sur ce que vous dites, c'est vrai, et il y a pire : on voit de plus en plus de joueurs qui, à la suite d'un but inscrit, évitent leurs coéquipiers... Le foot, un sport collectif ? Voilà un débat intéressant... de socio !

Bin la gestion de ton espace immédiat, de l'espace que tu laisses entre toi et les autres, c'est pas uniquement sociologique. Il faut arréter de vouloir séparer autant nettement les sciences comme si la réalité était analysable selon des catégories étanches, a mon avis.

Un sociologue qui étudie la nudité et qui la situe devient un géographe ?

Thibault Renard a écrit:

Un sociologue qui étudie la nudité et qui la situe devient un géographe ?

Ca sort d'ou cette question?

c'est pas juste la situer, c'est pas juste dire "c'est là". C'est voir en quoi l'espace joue, en quoi il y a des rapport particulier aux lieux, à l'espace. Comment société et espace interagissent.

Si je résume le squelette du propos est le suivant :

- étude générale de l'homme ou du groupe social avec ses territoires, ses propres espaces marqueurs

- étude générale de l'homme ou du groupe social avec les autres hommes et groupes sociaux sur et en dehors de ces espaces marqueurs

- étude générale de l'homme ou du groupe social comme créateur de systèmes de représentations propres à travers la gestuelle, l'habitude, le paysage, les symboles.

- étude générale de l'homme ou du groupe social comme aménageur/pour qui on fait des aménagements.

Ici, l'homme ou du groupe social : le nu, le naturiste et le nudiste.
J'ai certainement oublié des choses.