L'année 2011 voyait l'édition d'un livre sur la géographie intitulé "Practical Statistics for Geographers
and Earth Scientists" que j'apprécie
énormément et que je recommande vivement, écrit par Nigel Walford.
Dans sa préface, l'auteur fait remarquer qu'après plus de 50 ans que la révolution quantitative a frappé la discipline et connexes, il y a toujours un réel besoin de réinterprétation des techniques statistiques et de démonstration de leur application dans la résolution des problèmes contemporains. Autrement dit (et c'est moi qui parle), les géographes ont tendance à
fuir les statistiques, préférant du coup la "géographie qualitative" à la "géographie quantitative". Cela dit, quelle différence peut on faire entre ces deux formes d'analyse ?
L'auteur définit l'analyse quantitative, en Géographie, comme le "traitement et l’interprétation de données sur les choses, parfois appelées phénomènes, qui sont contenues (cachées) sous une forme numérique. En d'autres termes, cette analyse enquête sur les
similarités et les
différences entre les Hommes et les lieux qui peuvent
s'exprimer en termes de quantités numériques plutôt que des mots.
A l'opposé, l'analyse qualitative reconnait l'unicité de tous les phénomènes et se distingue par l'importance qu'elle accorde à l'exceptionnel, à ce qui est rare, aux cas idiosyncrasiques même si ceux ci s'exprime parfois en termes numériques." Elle s'évertue donc à une description exhaustive des phénomènes qu'elle observe.
Stewart Fotheringham, Chris Brundson et Martin Charlton, dans leur livre intitulé
Quantitative Geography: Perspectives on Spatial Data Analysis, affirme que "l'un des plus inexplicables paradoxes auquel ceux qui revisiteront le développement de la géographie, à la fin du XXe siècle, sera pourquoi de nombreux géographes ont tourné le dos aux analyses de données spatiales quantitatives alors que beaucoup d'autres disciplines ont reconnu leur importance. Au moment où la demande d'analystes des données spatiales s'accroit rapidement, la majorité des diplômés de géographie est, au mieux, non-quantitative et, dans quelques cas activement anti-quantitative."
Ils justifient cette attitude négative des géographes par le fait qu'ils sont désillusionnés par le positivisme philosophique sous-tendu par les nombreux travaux aux premières heures de la géographie quantitative.
L'autre raison est que les analyses des données spatiales sont perçues comme difficiles non pas seulement par les étudiants, mais aussi par les géographes académiques qui typiquement ont un "bagage non-quantitatif".
Ce qui, enfin, m'amène à poser les questions suivantes
:
Le fort attrait pour l'analyse qualitative n'est-elle pas un moyen de se dérober des calculs quantitatifs au risque de paraitre comme une "demi-science" par les autres ?
Devant les besoins sans cesse croissants d'analystes spatiales, les géographes (experts donc des questions spatiales) n'ont-ils pas intérêt à intégrer l'analyse spatiale dans
tous les compartiments de la géographie ou ce volet doit-il être l'objet d'une spécialité à part entière ?
Existe t-il des domaines d'étude qui exigent l'application de l'une ou l'autre forme d'analyse ou les deux à la fois ?
Quelles sont selon vous, la ou les meilleures formes d'analyse en géographie? (parmi les deux).
Voilà j'espère apprendre un peu plus sur ce sujet.